Des délégués de l'interwilayas des archs ont appelé hier, lors d'une conférence de presse tenue à Alger, à une marche populaire pour le 20 avril, date symbolisant un double anniversaire, celui du printemps berbère 1980 et du printemps noir. Rabah Bouceta (coordination de Boumerdès), Zahir Benkhelat (CICB Béjaïa), Ali Gherbi (comité citoyen d'El Kseur) et Tahar Temim (CADC de Tizi Ouzou) ont, tour à tour, dénoncé le dialogue gouvernement-archs en cours, qualifié de « chimère politique qui n'a rien à envier à celui entamé en 2002 ». A travers cette action à laquelle ils ont convié toute la société civile à participer, ils veulent contrecarrer le Pouvoir dans sa quête à folkloriser cette date par des cérémonies festives en lui enlevant le caractère revendicatif et protestataire. Une action visant, selon eux, à « barrer la route aux “aventuristes'' et à réhabiliter le politique dans la région de Kabylie ». Pour Ali Gherbi, « le Pouvoir a injecté des millions de dinars pour une célébration folklorique d'une date symbolique ». Le délégué de Béjaïa regrette aussi que le président de la République ait mis fin dans une déclaration faite le 7 avril à l'officialisation de tamazight. Prenant la parole à son tour, le délégué de la CADC de Tizi Ouzou, Tahar Temim, estime que « le simulacre de dialogue n'a été initié que pour l'amnistie générale ». Pour ce délégué, « il n'y a pas eu de dialogue, il y a eu négociation d'intérêts ». Les délégués ayant pris langue avec le Pouvoir, selon lui, « veulent conduire la plate-forme d'El Kseur à une plate-forme sociale alors qu'elle est un projet politique ». Dans son intervention, Rabah Bouceta a tenu à mettre un terme à l'appellation « antidialoguiste » attribuée à leur coordination. « Nous sommes l'interwilayas du mouvement citoyen et nous n'avons jamais rejeté le dialogue », a-t-il dit. Reprenant la parole, le délégué d'El Kseur, Ali Gherbi, n'a pas été tendre avec l'alliance présidentielle qu'il qualifie de « force de division ». Interrogé sur les élections partielles, Ali Gherbi dira : « L'organisation de ces élections est une forme de négociation. » De ce fait, poursuit-il, « non seulement nous allons les rejeter, mais nous allons les empêcher ». Option que ne partagent pas ses amis délégués des autres wilayas, préférant plutôt attendre le moment opportun pour se prononcer. « Le moment voulu, s'il y a des perspectives, nous allons participer », estime Rabah Bouceta. Avis que partage aussi Tahar Temim qui dira : « S'il faut participer aux élections pour barrer la route aux ‘'aventuristes'', nous y allons. » C'est dire que par rapport à cette question les avis les délégués sont pour l'heure contradictoires. Mais ce qui est certain, c'est que tous ces délégués exigent la reconnaissance du point 11 de la plate-forme d'El Kseur donnant un fort pouvoir d'exécution à l'élu. Ces délégués considèrent, par ailleurs, le procès de Benchicou, prévu pour le 20 avril, comme une provocation. Outre l'action du 20 avril, d'autres meetings et marches sont prévus pour les 18 (Akbou), 19 (El Kseur), 22 (Amizour). Le 24 avril, ces délégués comptent également commémorer le premier martyr qui n'est autre, selon eux, qu'Imekhmoukhen.