Assis sur la dalle froide de la Maison du peuple, les enseignants vacataires entament leur cinquième nuit à la belle étoile en ce mois d'avril «plutôt hivernal» avec pour seuls bagages quelques banderoles où ils revendiquent, à l'encre rouge, leur droit à la permanisation. Dès le début de leur action, aucune assistance médicale ne leur a été assurée, pourtant le CHU Mustapha est à quelques encablures de leur lieu de sit-in. Ils sont en majorité de Tiaret, de Chlef, de Relizane ou de Constantine. «Las des promesses qu'on leur fait d'un rendez-vous électoral à un autre», ils attendent maintenant une réponse ferme de la part du ministère où se trouveraient des listes de vacataires à intégrer et qui «ne demandent qu'à être visées». «Nous voulons une réponse directe de notre tutelle, car nous ne faisons plus confiance aux académies où l'on s'est habitué aux plus malsaines manipulations de listes». Ces enseignants disent n'agir sous la coupe d'aucune formation politique ou syndicale. Leur seul souci est de demander aujourd'hui le pain auquel ils ont droit: «Nous avons servi le pays durant les pires moments du terrorisme, entre 1992 et 2000 et voilà comment nous sommes récompensés», dénoncent-ils en invoquant une flagrante injustice à leurs yeux puisqu'ils accusent l'administration d'avoir favorisé des vacataires fraîchement émoulus, ceux de décembre 2000, à leur dépens. Eux, qui, à niveau égal, ont plus d'expérience. Ayant été reçus par le patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd qui a déjà pris attache à leur propos avec le ministre et la fédération de l'éducation nationale, ils rejettent derechef toute offre de figurer dans une quelconque commission. «Nous en avons assez des promesses», disent-ils. En ajoutant qu'ils sont à l'origine de toutes les revendications qui n'ont finalement servi qu'à offrir sur un plateau d'argent des résultats à une catégorie de vacataires qui seraient loin de représenter la majorité de ces «laissés-pour-compte». Ils s'obstinent à «aller jusqu'au bout de leur action». Au moment où nous quittions le parvis de la Maison du peuple, une jeune vacataire au corps frêle nous interpelle pour nous signaler que tous les grévistes qui sont là sont des pères de famille qui ne demandent qu'à avoir un emploi digne de leurs sacrifices. Au moment où les équilibres macroéconomiques du pays sont au beau fixe, ces enseignants s'interrogent sur leur sort: ils fustigent un statut de la Fonction publique devenu de plus en plus obsolète aux yeux de milliers de travailleurs. Avec ce qui leur reste de force d'espérer, ils attendent un geste des toutes puissantes instances financières...des postes budgétaires pour nourrir les leurs.