Le pays est dans l'oeil du cyclone depuis qu'il s'est classé premier découvreur mondial de gisements pétrolifères. L'ancien Chef du gouvernement, M.Sid-Ahmed Ghozali, a sérié, hier, les menaces qui pèsent sur l'Algérie après la guerre contre l'Irak, au forum du quotidien El Youm. «On ne peut dissocier ce qui se passe en Irak de ce qui se passe en Algérie. Il y a une relation forte, dialectique», a-t-il tenu à déclarer de prime abord. Rappelant la lettre ouverte adressée récemment au Président Bouteflika, l'orateur a expliqué que l'Algérie est ciblée en sa qualité de «membre de la communauté internationale», en tant que «membre du monde arabe» et enfin parce qu'«elle a la chance ou la malchance d'avoir un sous-sol riche en ressources». Pour Sid-Ahmed Ghozali, «ce qui est à la base du débat aujourd'hui, c'est comment sera le leadership américain? Démocratique ou impérial? Unilatéral ou multilatéral?». Autant le leadership américain est une évidence pour l'orateur, autant «il peut être un facteur d'instabilité et d'insécurité». L'aspect positif de cette invasion contre l'Irak est qu'elle va démontrer que les USA sont une puissance impériale. «On revient à l'esprit de Rome et de l'empereur», précisera-t-il. Pour l'invité du forum, «la projection de l'impérialisme américain est immédiate sur le monde arabe». Avant d'arriver à l'Algérie, le conférencier a fait un éclairage sur l'évolution du marché pétrolier mondial. La demande a évolué sept fois plus que les découvertes. De plus, la presse américaine a prévu une pénurie de pétrole dans 25 ans. C'est l'argument massue qui a prévalu dans l'invasion de l'Irak. L'Algérie, dira l'orateur, est un pays «qui a beaucoup de pétrole». Les découvertes de Hassi Berkine ont placé l'Algérie sous surveillance dès lors qu'«elle s'est classée premier découvreur de gisements pétrolifères et détenteur de l'Arabie Saoudite». La question qui brûle les lèvres est comment se défendre? Pour l'ancien ministre des Affaires étrangères sous Chadli il y a deux langages: «Celui de la force et celui qui peut émouvoir les USA, le langage des intérêts.» A propos du pouvoir en Algérie, il fera remarquer qu' «au lieu de prendre conscience et de réagir, il fait s'entretuer les Algériens dans les échéances». Plus explicite et en réponse à une question sur son éventuelle candidature à la présidentielle de 2004, il dira: «Je ne suis même pas sûr qu'il y aura des élections, de vrais élections!» Dans la foulée, il affimera que l'hégémonisme US a tout intérêt à maintenir les foyers de tension en Palestine et au Sahara occidental. Concernant l'influence des USA sur la présidentielle de 2004, il dira que «les Etats-Unis veulent que cela s'empêtre (la khalouta) et ils soutiendront celui qui excelle dans l'art d'empêtrer (un khellat)». Et il donnera pour exemple le problème kabyle. Enfin, concernant l'agrément de son parti, le Front démocratique (FD), M. Ghozali dira que «le gouvernement n'a même pas le courage de nous dire non». «Le FD est un des mille exemples de la façon dont ce pouvoir incohérent gère les affaires du pays». Et à propos du bilan de quatre années de pouvoir du Président Bouteflika, Ghozali déclarera que «la place de l'Algérie est nulle». Pour lui, «c'est illusoire de croire que tel chef d'Etat est avec moi. C'est enfantin!».