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Le gouvernement irakien mis à rude épreuve sans la présence des soldats américains La violence armée en Irak cible aussi des candidats aux prochaines législatives
Une candidate aux prochaines législatives, Souha Abdellah Jarallah, a été froidement assassinée de plusieurs balles par des inconnus à Mossoul, dans le nord instable de l'Irak. La victime figurait sur la liste Iraqia, une coalition laïque dirigée par le chiite Iyad Allawi qui a déjà occupé le poste de Premier ministre de juin à avril 2005. L'assassinat est considéré de nature politique par les responsables de cette coalition qui se dit indépendante. «Ce n'est pas la première fois que nous sommes visés. Les membres de la liste Iraqia sont agressés, assassinés, arrêtés. Mais ce ne sont pas des individus qu'ils tuent, c'est le projet national dans son ensemble», a affirmé Intissar Allawi, une proche de l'ancien Premier ministre. Selon lui, «ce sont des personnes indépendantes et patriotes qui sont visées pour les empêcher de participer aux élections législatives». Les candidats aux prochaines joutes électorales savaient déjà qu'ils faisaient partie des cibles privilégiées de ces actions de violence armées qui se sont multipliées depuis le retrait des forces étrangères des grandes villes irakiennes au milieu de l'année dernière. Les islamistes affiliés à El Qaïda et d'autres groupuscules qui refusent de reconnaître la légitimité du gouvernement irakien dirigé par Nouri El Maliki, porte-parole de la coalition chiite Dawa. Ils avaient d'ailleurs menacé de tout faire pour empêcher la tenue de cette élection qu'ils considèrent comme la consécration d'une nouvelle dictature sous la coupe des Etats-Unis et de leurs alliés occidentaux. Pour ces insurgés, l'actuel gouvernement travaille pour les intérêts des étrangers qui ont envahi l'Irak en 2003 pour accaparer les richesses du pays. Le nombre impressionnant de gisements pétrolifères qui replacera l'ancienne Babylone sur la liste des plus gros producteurs de l'or dans le monde d'ici quelques années accrédite en fait cette accusation. L'Irak dispose de gisements d'un total de 115 milliards de réserves (barils) prouvées sur le plan national jusque-là, ce qui le classe au troisième rang mondial, derrière l'Arabie saoudite et l'Iran. Certains analystes n'excluent pas qu'il soit la première réserve mondiale de l'or noir puisque de nombreuses zones n'ont toujours pas été explorées. La lutte pour la prise du pouvoir en Irak participe aussi à cette ruée vers le pétrole, à l'origine d'une guerre d'invasion américaine, sous prétexte d'éliminer l'ancien dictateur Saddam Hussein, accusé de détenir des armes de destruction massive. Après sept ans d'une guerre sanglante dont ont été victimes des milliers de civils irakiens, les Américains n'ont pas mis la main sur ces armes présumées, mais ils ont plutôt réussi à ouvrir la voie vers le bradage des richesses nationales irakiennes, principalement le pétrole et le gaz. D'ailleurs, l'effort de guerre américain et de leurs alliés occidentaux s'était orienté vers la sécurisation des champs pétrolifères existants dont aucun n'a pu être saboté par les insurgés alors que tout le pays était à feu et à sang pendant toute cette période. La violence interethnique et interconfessionnelle, née de la guerre d'invasion américaine après la chute de Saddam et de son mouvement Baath, a donc pour arrière-plan la lutte pour le contrôle de la production pétrolière qui pourrait engendrer l'effritement de l'Irak en micro-Etats. Cette hypothèse conforte évidemment l'idée de création de micro-Etats dans la péninsule arabique pour écarter tout danger sur Israël, le protégé des Etats-Unis qui rêvent de concrétiser leur fameux projet du Grand-Moyen-Orient. Ainsi, depuis le début de l'année, plus de deux cents personnes ont péri dans des attentats suicides. La population chiite, qui vit majoritairement dans le sud-est du pays, a payé le prix fort de cette violence. Dans le Kurdistan irakien, au nord de la capitale Baghdad, les minorités arabes et turcomanes n'ont pas échappé au déchaînement des armes. Un groupe armé, présumé proche du Baath déchu, est soupçonné par le gouvernement d'El Maliki d'être derrière les récentes attaques dont l'une d'elles avait visé plusieurs ministères à Baghdad et qui ont fait une centaine de morts et 600 blessés. Mais les clans chiite et sunnite rivaux s'accusent régulièrement de vouloir provoquer une nouvelle guerre nterconfessionnelle dans le pays. Des membres des forces de sécurité sont aussi soupçonnés de participer à certaines actions meurtrières qui ont ensanglanté le pays depuis un an. La réorganisation du dispositif sécuritaire après une réunion des principaux chefs des forces de l'ordre n'a pas évité aux civils d'autres massacres. Le dernier en date est celui perpétré la semaine dernière à Kerbala, et qui a coûté la vie à au moins 41 pèlerins chiites et blessé plus d'une centaine d'autres à la veille d'une importante cérémonie religieuse. Les difficultés rencontrées pour trouver un consensus au sein du Parlement pour l'adoption d'une nouvelle loi électorale, en prévision de ces législatives du 7 mars, ont aussi influé sur la situation politique et sécuritaire dans le pays. Des branches armées des différentes ethnies ont menacé de recourir à la violence si le nouveau texte ne respectait pas un meilleur partage des sièges au sein de la future Assemblée nationale. Les Arabes sunnites ont peur de tout perdre face aux Kurdes qui vivent majoritairement dans la province semi-autonome du Kurdistan irakien. Cette région, dont la capitale est Kirkuk, recèle d'importants gisements pétrolifères qui sont déjà en cours d'exploitation par les multinationales. Si ce problème a fini par être réglé au sein du Parlement, ce n'est pas encore le cas pour la question relative à l'exclusion des anciens membres et sympathisants du mouvement baathiste de Saddam Hussein. Plus de 500 candidats ont d'ailleurs été exclus de la course électorale en raison de leur présumée appartenance au Baath. Une réunion du Parlement irakien, qu'allait présider le Premier ministre Nouri El Maliki, devait se tenir hier pour statuer sur leur sort. Mais elle a été annulée à la dernière minute. La justice aurait en fait répondu favorablement aux recours des candidats exclus. Un panel de juges devra se prononcer sur leur cas avant le début de la campagne électorale le 12 du mois en cours. La participation des candidats soupçonnés de sympathie envers l'ancien Baath a irrité le clan des chiites. Le bouillonnement de la scène politique et sécuritaire en Irak n'augure rien de bon, avertissent de nombreux observateurs et autres analystes de ce pays. Le risque de nouveaux attentats, surtout ceux visant des candidats aux législatives, n'est pas à écarter. Et c'est l'avenir du pays qui risque d'être compromis. L. M.