Il est censé contenir le minimum vers lequel convergent les propositions déjà rendues publiques. L'ancien Chef du gouvernement, M.Sid-Ahmed Ghozali, et le président du RCD, M.Saïd Sadi, ont révélé, hier, que des partis et personnalités républicaines et démocratiques ont engagé des discussions et se concertent sur une initiative commune de sortie de crise. Dans le forum, organisé exceptionnellement au siège du quotidien El Youm, les deux hommes ont expliqué que la première finalité de cette «initiative républicaine» de sortie de crise est «de dépasser l'impasse où se trouvent les institutions de l'Etat». Sans citer nommément les partis et les personnalités qui participent d'ores et déjà à l'élaboration de cette proposition, M.Ghozali a déclaré que l'une des premières étapes de cette initiative est «d'arriver à donner forme à un pacte national pour une République moderne». Le pacte en question est censé contenir le minimum vers lequel convergent les propositions déjà rendues publiques. A cet effet justement, l'ancien Chef du gouvernement a trouvé, dans le mémorandum du FFS et l'initiative de Benbitour, un pas important vers une République moderne. Optimiste, M.Ghozali dira: «Il est très possible que les énergies des patriotes se réunissent.» Le pacte national, selon le président du FD «servira aussi comme moyen pour mettre en garde le pouvoir». Ce but ne peut cependant être atteint sans une mobilisation citoyenne durable. C'est, en effet, l'autre point que discutent les initiateurs de la proposition commune de sortie de crise, dira Ghozali. Et d'expliquer, sans pour autant être assez clair, que «les patriotes, membres fondateurs de cette initiative, vont lui assurer un soutien populaire». Tout en se déclarant partie prenante de cette initiative, le président du RCD, M.Saïd Sadi, dira, en parlant des partis islamistes: «Nous ne sommes pas obligés de nous retrouver tous dans la même démarche de sortie de crise.» Selon M.Sadi, l'objectif est «de donner au pays une perspective nouvelle et républicaine». Allant au bout de sa pensée, il dira être convaincu que «la majorité écrasante des citoyens ne veut point d'une théocratie». Ferme, le leader du Rassemblement a fait remarquer, à juste titre, que «les islamistes ont toujours occupé la contestation populaire...». En revanche, avertit-il, «le régime ne facilitera pas la tâche, aux démocrates de s'exprimer devant le peuple... le pouvoir peut encore manipuler l'islamisme». Abordant la crise de Kabylie, les deux hôtes du forum ont eu des propos qui ne sont pas tendres. La démarche du pouvoir en Kabylie, affirme M.Sadi, «est criminelle». Ce qui a rendu «l'émeute légitime... même si elle n'est pas légale», dira-t-il avec emphase. Ce diagnostic n'empêchera pas le pouvoir d'aller aux élections sans la Kabylie prévoit Sadi. En paraphrasant ce dernier, S.A.G. a déclaré que «la crise de Kabylie est le concentré de la crise qui secoue toutes les régions du pays». Ce qui a fait dire à l'ancien Chef du gouvernement que les revendications du mouvement citoyen sont de facto nationales, contrairement au discours développé par les autorités. Un discours, soutient-il, qui «n'a jamais été aussi médiocre et contradictoire». S'agissant des élections législatives prévues pour le 30 mai prochain, les deux invités du forum sont certains qu'elles sont plus un problème qu'une solution à la situation déjà dramatique. Le président du RCD a fait savoir qu'il sera sur le terrain pour dire que «cette élection n'est pas uniquement une fraude de trop, mais que la démarche du pouvoir participe de la volonté de pousser le pays à la dérive». Pour M.Ghozali, qui a martelé que l'Etat est sourd, muet et aveugle, «le report des élections ne sera pas une solution s'il n'est pas accompagné d'une initiative de sortie de crise». En somme, pour les deux politiques «les législatives seront un non-événement». Enfin, ils sont tous les deux d'accord pour dire qu'une élection présidentielle anticipée «ne sera nullement une solution», car, affirment-ils: «Le chef de l'Etat n'est qu'un élément d'un système qui doit partir.»