Les regards seront braqués aujourd'hui sur la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU qui planche ce matin sur le rapport du secrétaire général Kofi Annan sur le conflit du Sahara-Occidental. Un rapport dont les premières lectures suggèrent un appui à peine déguisé aux thèses annexionnistes marocaines. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que les médias marocains ont exprimé hier leur satisfaction quant au contenu de ce fameux rapport. Et c'est aussi pour cela que le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, a jugé utile de s'entretenir hier avec le secrétaire général des Nations unies, histoire de lui rappeler sans doute que l'organisation qu'il préside avait d'orée et déjà estampillé ce dossier comme un chapitre de la décolonisation. Ainsi, après un périple qui l'a mené aux Etats-Unis, au Brésil puis au Venezuela, Mohamed Bedjaoui a dû faire une halte à New York pour s'expliquer avec Annan avant le grand débat au Conseil de sécurité. Bien que la mission permanente de l'Algérie à l'ONU indique que plusieurs questions internationales allaient faire l'objet de discussion entre le diplomate algérien et le SG des Nations unies, il est loisible de deviner que le dossier sahraoui était le sujet central de cette entrevue à la veille de la réunion du Conseil de sécurité. Pour cause, Mohamed Bedjaoui a prévu également dans son agenda un tête-à-tête hier avec le représentant permanent de la Chine auprès des Nations unies qui n'est autre que le président en exercice du Conseil de sécurité justement. Connue pour sa position traditionnelle, qui consiste à un respect à toute épreuve de la légalité internationale dans ce conflit entre le Maroc et le Front Polisario, l'Algérie via Bedjaoui veut ainsi faire entendre sa voix en tant que pays qui n'est certes pas directement concerné, mais tout même engagé du fait que ce conflit se situe à ses frontières. Des journaux marocains ont déjà commencé à faire la fête considérant à tort que le rêve « du grand Maroc » est devenu désormais réalité en se basant sur une lecture un peu spéciale du rapport de Annan. Et en l'occurrence, la voix et la voie du roi ont été joyeusement reprises en chœur par les journaux qui se sont fait un point d'honneur d'annoncer faussement sentencieux que le rapport de Annan « plaçait la balle dans le camp de l'Algérie qui soutient le Front Polisario ». Bayane Al Yaoum assène que le rapport de Kofi Annan rend « impossible la réalisation des visées utopiques des séparatistes et affirme la pertinence de la position marocaine ». Pour l'Opinion (nationaliste), le rapport « enterre définitivement le plan Baker II et écarte toute solution imposée ». Il privilégie « la négociation directe entre toutes les parties (...) ce qui conforte la démarche actuelle du Maroc ». Pour l'Opinion, un journal proche des nationalistes, la cause est pratiquement entendue et que ce rapport « enterre définitivement le plan Baker II et écarte toute solution imposée », d'après lui. Or, Kofi Annan n'a pas impliqué expressément l'Algérie dans la négociation puisqu'il recommande que le Maroc « s'engage, sans conditions préalables, dans des négociations directes avec le Polisario pour trouver une solution au Sahara-Occidental ». Plus triomphaliste encore, Aujourd'hui le Maroc tranche à grosse manchette qu'« il n'y aura pas d'Etat croupion au Maghreb ».