Toute démarche visant à inscrire la crise de Kabylie dans le cadre de la présidentielle sera vouée à l'échec. «La solution de la crise de Kabylie doit obligatoirement passer par la libération inconditionnelle des détenus, l'arrêt de la répression et l'autorisation des réunions et meetings publics ainsi que l'ouverture d'un vrai dialogue avec les délégués du mouvement démocratiquement élus». Telles sont les conditions posées par l'ancien sénateur du tiers présidentiel, ayant démissionné le 19 mai 2002 à la suite justement des événements de Kabylie. Connu pour son franc-parler et ses prises de position, Aït Larbi a, dans une déclaration prononcée à l'occasion du 23e anniversaire du printemps berbère et du 2e anniversaire du Printemps noir, tenu à rendre un grand hommage à «tous les militants de la démocratie, des droits de l'Homme et de la cause amazighe» et un hommage particulier «à la mémoire des victimes du Printemps noir, à leurs familles et aux détenus». Pour l'ancien dissident du RCD, le pouvoir, tout en appelant au dialogue, tente d'exclure les vrais représentants de la société. «Le pouvoir veut dialoguer avec des personnes de son choix», affirme-t-il. En outre, malgré les dizaines de morts et les milliers de blessés «aucune sanction administrative ou judiciaire n'a été prise à l'encontre des criminels et de leurs commanditaires», ajoute le communiqué. La crise de Kabylie n'est pas près de trouver un dénouement, analyse Mokrane Aït Larbi. Un état de fait qui traduit, selon lui, l'envie du pouvoir de jouer sa dernière carte lors des prochaines échéances électorales. «Au lieu de régler cette crise qui dure depuis deux ans, le pouvoir a choisi de la maintenir en prévision de la prochaine élection présidentielle». «Une option cautionnée d'une façon ou d'une autre par la quasi-totalité des partis politiques», selon l'ancien sénateur. Continuant sur sa lancée, il fustige les partis politiques qui essaient de revenir sur le devant de la scène politique en cooptant leurs militants «avec le titre de délégués des ârchs alors que les vrais délégués des comités sont marginalisés, emprisonnés et interdits de réunion». Pour Mokrane Aït Larbi, la seule sortie de crise consiste dans l'entame d'un dialogue serein avec les vrais délégués du mouvement démocratiquement élus à condition d'assigner à ce dialogue des objectifs clairs loin des manoeuvres électoralistes. Et toute démarche du pouvoir et des partis, visant à inscrire la crise de Kabylie dans le cadre de la présidentielle d'avril 2004 pour inciter à la participation ou au boycott, «sera vouée à l'échec», clame l'avocat des détenus du mouvement citoyen.