Les ex-détenus et les animateurs en semi-clandestinité du Mouvement citoyen de Kabylie étaient, dans la soirée de vendredi, au rendez-vous avec la population de la ville d'El-Kseur où un meeting populaire a été animé pour la circonstance par les figures dites de «proue» du mouvement. Devant une foule des grands jours, les animateurs de l'interwilayas sont longuement revenus sur l'actualité nationale, notamment le volet relatif au conflit en Kabylie. La libération des détenus, la participation du FFS aux locales et le dialogue comme moyen de règlement de la crise sont autant de points sur lesquels les orateurs se sont exprimés. Si certains ex-détenus s'étaient contentés, lors des courtes interventions, de remercier la population pour son soutien et sa mobilisation, il n'en est pas de même pour d'autres, à l'image de Ali Gherbi et Belaïd Abrika, qui se sont étalés sur divers sujets liés à la crise. Ainsi, concernant la participation du FFS aux prochaines élections locales prévues pour le 10 octobre, les orateurs avaient fait montre d'une position très critique à l'égard du parti d'Aït Ahmed et du scrutin en général. Tout en reconnaissant au FFS le droit de prendre part en tant que parti à ces élections, les intervenants l'ont, cependant, accablé de critiques acerbes. En réaffirmant le rejet des élections, adopté par les structures du mouvement, les orateurs se sont montrés fermes et déterminés à empêcher le scrutin. Soucieux du risque de confrontations, ils appellent le FFS à «reconsidérer sa décision». Alors que certains l'accusent de «servir de béquille au pouvoir» dont un intervenant prévoit «la mort», par miracle «en décembre prochain», d'autres parlent d'«une stratégie vouée d'avance à l'échec» ou encore «la démarche du FFS nous la connaissons». Bref, un véritable réquisitoire a été dressé contre le FFS. Abordant l'affaire du dialogue qui continue à faire couler beaucoup d'encre, les animateurs de l'interwilayas se sont montrés favorables à l'idée qui reste, cependant, conditionnée à l'expression publique du pouvoir «sur l'acceptation ou la reconnaissance de la plate-forme d'El-Kseur». Cette évolution décelée dès les premiers jours de la libération, reprise à la moindre occasion, est un signe de la disponibilité des ârchs à mettre fin au conflit qui dure depuis quinze mois. Selon les observateurs, la recherche d'une confrontation directe avec le FFS est à déceler dans les propos des intervenants une confrontation que tout le monde souhaite politique, à même d'honorer les traditions pacifiques de la région. Toujours est-il que ces mêmes observateurs n'écartent pas un duel FFS-RCD.