Brigitte Lainé avait démenti le bilan officiel sur les manifestations du 17 Octobre 61. Un tribunal parisien vient de prononcer la réhabilitation de Brigitte Lainé, archiviste de son état, victime d'un déni de justice. En effet, pour avoir osé témoigner contre Papon sur la répression d'octobre 1961, révélant le contenu des archives mettant en cause Maurice Papon dans la répression de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris, elle avait été sanctionnée par sa hiérarchie. Deux notes de service d'avril et mai 1999 du directeur des archives de Paris de l'époque l'excluait avec son collègue, Philippe Grand, des réunions de service. Cette sanction est tombée après que Maurice Papon, en tant qu'ancien préfet de police, eut intenté un procès en diffamation contre l'historien Jean-Luc Einaudi, portant sur les morts du 17 octobre 1961. Par le biais de nombreux témoignages, l'historien avait donc remis en cause la version officielle, cette manifestation causant, selon lui, des centaines de morts sous la responsabilité de Maurice Papon. Avec son collègue Philippe Grand, Brigitte Lainé avait témoigné et appuyé la thèse de l'historien au procès de 1999. Se fondant sur des documents judiciaires, notamment les registres de la morgue, les deux archivistes avaient évoqué un bilan bien plus lourd que les sept morts officiels. Leur témoignage avait été décisif! Cette initiative de vérité, au regard des événements historiques, les avait conduits au placard pour quatre ans, pour manquement à leur devoir de réserve. Malgré les pétitions de soutien et les changements ministériels et municipaux, la situation professionnelle des deux archivistes perdurait. Après le dépôt de la requête de Brigitte Lainé, le groupe écologiste au Conseil de Paris poussait, en 2001, pour leur réhabilitation. En février 2003, le maire de Paris Bertrand Delanoë a annulé par arrêté ces sanctions. Depuis hier, c'est par décision de justice que Lainé est enfin réhabilitée.