Tous les ingrédients d'un procès pas comme les autres. Le tribunal correctionnel de Sidi M'hamed (Alger) avait inscrit, lundi dernier, à son rôle, une affaire peu banale. La justice est habituée à traiter les dossiers de rixes entre voyous. Il ne se passe pas une audience sans une affaire de ce genre. Mais cette fois la plainte émane d'un universitaire qui accuse ses voisins de «tentative d'assassinat». Mais la qualification ayant changé en «coups et blessures» ce n'est pas devant le tribunal criminel, comme le souhaitent les conseils du plaignant, que l'affaire passe, mais devant le tribunal correctionnel. De quoi s'agit-il? La version du plaignant (un universitaire) consiste en une dénonciation par un citoyen qui a été témoin de délits punis par la loi et qui décide d'en informer les services de sécurité. Mal lui en prit car le mis en cause, aidé de membres de sa famille, réagit en lui portant de graves coups à l'arme blanche au thorax qui valurent à la victime une incapacité de 21 jours. Un expert saisi portera cette incapacité à 3 mois. Portée devant la justice, l'affaire, que les conseils de la victime que dirige Me Djouhara-Hamani Samia, qualifièrent de «tentative d'assassinat, guet-apens et préméditation», sera requalifiée par le magistrat de «coups et blessures». C'est cette affaire qui était inscrite lundi dernier. L'accusé, de son côté, porte également plainte avec certains membres de sa famille arguant que c'est lui qui a été agressé. Et de fournir des certificats médicaux à l'appui de sa plainte. La première affaire portait le n°18 au rôle de l'audience tandis que la seconde (où la victime devient l'accusé) suivait avec le n°19. Affaire volontairement enchevêtrée qu'a eu donc à traiter le tribunal. Devant l'absence de la défense et face aux demandes de requalification introduites pas les conseils du plaignant, la présidente du tribunal décide le renvoi de l'affaire au 8 décembre prochain. Quelques minutes plus tard, le plaignant revient subitement à la barre et informe la présidente de menaces de mort qu'aurait proférées à son encontre l'accusé. Ce dernier, interpellé sur ordre du magistrat, nia en bloc cette nouvelle accusation. Ainsi donc et au lieu que le tribunal soit un moyen dissuasif pour calmer les esprits, il se trouve certains plus retors que d'autres pour créer des troubles dans l'enceinte même de la justice. Une attitude qui ne peut être que celle de personnes totalement insensibles aux foudres de la loi. Donc habitués des lieux. Bien que le renvoi s'inscrive dans une durée particulièrement longue (plus de 7 mois), cette affaire mérite d'être suivie.