De nombreux observateurs estiment que cette année sera celle du règlement définitif de cette crise. Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a mis fin, hier, aux trop nombreuses spéculations qui avaient précédé la commémoration du Printemps amazigh, le 20 avril dernier. Si l'on en croit sa manière de s'exprimer, il n'y a jamais eu de dialogue entre des émissaires du pouvoir et des délégués du mouvement des ârchs. La fameuse déclaration, dont on parle avec de plus en plus d'insistance, ne repose donc sur aucun fondement. En effet, interpellé à propos de la crise en Kabylie en marge de la signature d'un contrat de partenariat entre la Snvi et les collectivité locales, le ministre de l'Intérieur a indirectement démenti l'existence de dialogue direct entre le pouvoir et les délégués des ârchs en réaffirmant «la disponibilité du gouvernement au dialogue pour rétablir le calme et la stabilité en Kabylie». Il a ajouté que «les portes du dialogue ont toujours été ouvertes et resteront ouvertes au dialogue pour rétablir le calme et la stabilité en Kabylie». Yazid Zerhouni, toutefois, s'est refusé à fixer la moindre échéance à cette disponibilité au dialogue de la part des autorités publiques. Il a aussi gardé le silence sur les délégués toujours emprisonnés, manière de signaler que la justice en Algérie est indépendante et qu'à ce titr,e elle est la seule habilitée à décider du sort de ces personnes dont même le mouvement de grève de la faim et la pétition internationale qui s'en était suivie n'avaient pas suffi à leur rendre la liberté. Zerhouni, en revanche, s'est contenté de mettre en exergue sa «certitude que les citoyens de la région sont convaincus de la prise en charge par les pouvoirs publics de toutes les revendications sérieuses». Par le mot «sérieuses», Zerhouni sous-entend que ce ne sont pas tous les points contenus dans la plate-forme d'El-Kseur, explicités à Larbaâ Nath-Irathen, qui peuvent être satisfaits. Il révèle en exclusivité que la satisfaction d'autres revendications pourrait intervenir dans un avenir assez proche. Il annonce, en effet, que «le gouvernement (y) travaille actuellement avec les communes, les wilayas et des personnalités». Il ne précise pas, cependant, l'identité de ces fameuses personnalités, ni la nature des concessions nouvelles que pourrait faire le pouvoir en vue de régler définitivement la crise de Kabylie. Tout semble être question de dialogue et, partant, de consensus. Un consensus que le mouvement des ârchs, à lui seul, semble loin de réaliser actuellement au sein des populations. Ces dernières, selon Zerhouni, sont «pour le retour au calme» et «attendent de voir leur région renouer avec le développement». Il estime que «seule une minorité extrémiste refuse le dialogue». Cette année charnière, celle de la présidentielle, semble annoncer un règlement définitif de la crise en Kabylie. Le pouvoir semble en passe de préparer l'opinion à de nouvelles concessions qui recueilleraient l'adhésion d'une plus grande partie des délégués du mouvement des ârchs et finiraient d'isoler les «éléments radicaux» que le discours officiel qualifie d'«extrémistes».