C'est une première du genre, l'Etablissement Arts et culture donne le coup d'envoi de la première édition. «Ce qui a été, au début un défi, aujourd'hui se concrétise», c'est en ces termes que s'est exprimé M.Mohammedi, directeur de l'Etablissement Arts et culture de la wilaya d'Alger mardi, en donnant le coup d'envoi de la première édition des poésiades d'Alger qui se déroule actuellement à la Salle Ibn-Khaldoun. Lors de l'allocution d'ouverture, le directeur de l'Etablissement s'est félicité la relance de ce genre de manifestation culturelle, escomptant, toutefois, les intensifier. Par ailleurs, la première journée de cette rencontre a été consacrée à «la poésie algérienne d'expression populaire», animée par deux chercheurs-universitaires, dont la Dr Abdelhamid Bourayou et Ahmed Lamine. De l'avis de M.Bourayou «la poésie algérienne d'expression populaire ne date pas d'aujourd'hui. Il y a ceux qui estiment que ce style a fait ses premières apparitions avec l'avènement du poète Lakhdar Benmakhlouf aux alentours du 16e siècle, ceux qui affirment qu'il a été révélé avec la fameuse oeuvre les prolégomènes du grand philosophe Ibn Khaldoun, et d'autres qui estiment que c'est un art qui a pris ses origines de la musique andalouse.» Cependant, ajoute le conférencier, malgré le temps passé, ce genre très convoité à l'époque, fait toujours partie de l'actualité. Jadis, il constituait un des principaux facteurs d'information «orale» sur lesquels s'appuyaient les poètes pour dénoncer un état de fait politique, social ou autres. Parmi ces poètes citons le grand Lakhdar Benmakhlouf, qui, en se servant de sa poésie percutante a lutté contre l'occupation espagnole. Abdellah El Mendaci fait aussi partie de cette frange des vieux chouyoukh «réfractaires» appartenant à la zaouïa de la région de Tlemcen qui, en utilisant son incontestable poésie a fait face à l'invasion française. Cependant, avec le développement des moyens de communication et l'apparition de l'écriture, la poésie d'expression populaire a perdu de son éclat. Actuellement, pour préserver ce riche patrimoine, de nombreux poètes travaillent assidûment pour introduire ce style à l'université. Parmi ces initiateurs Mohamed Oumouhand, Ahmed Tahar, Mohamed Elhalfaoui (connu pour sa célèbre thèse: l'expression populaire dans le Maghreb), Mouloud Mammeri, et enfin Ahmed Amine. Selon le conférencier, la poésie d'expression populaire ne se contente pas seulement de clamer de belles paroles, mais elle représente une mémoire collective indélébile. «Nous trouvons dans la poésie des faits qui n'ont jamais été relatés auparavant dans les documents officiels». De l'avis du conférencier pour valoriser ce patrimoine, il est impératif de lui donner une importance aussi bien du point de vue culturel qu'anthropologique. Pour contribuer à l'élargissement de ce champ culturel, et encourager la recherche académique, «l'Etat doit inéluctablement établir une stratégie, or sans son aide nous n'aboutirons pas». Pour rappel, la première édition des poésiades d'Alger prendra fin aujourd'hui. La dernière conférence tournera autour du thème «Poésie algérienne d'expression française» avec l'intervention de Mme Fadela Chabane.