Rien ne va plus au Conservatoire municipal d'Alger. Depuis la fin de l'année scolaire 2000-2001, un véritable bras de fer s'est engagé entre l'Association des professeurs et l'Etablissement Arts et Culture qui assure, depuis octobre 2000, l'administration de l'école. Dimanche, 16h00, au quatrième étage de l'APC de la Basse Casbah. C'est ici, depuis 1948, le siège du Conservatoire Central d'Alger. Des dizaines d'enseignants sont réunis, certains patientent sur les marches en bois. L'Association des professeurs du Conservatoire municipal a décidé la tenue d'une assemblée générale dans les locaux de l'école, mais ceux-ci leur sont fermés. Une note de l'Etablissement Arts et Culture est accrochée sur la porte de la salle prévue à cet effet et fait mention de l'inquiétude de l'Etablissement quant au relâchement en matière de sécurité. Pour M.Badache, président de l'Association des professeurs du conservatoire, «cet acte n'est qu'une preuve de faiblesse de la part de la tutelle.» «Il ne faut pas se désolidariser, on la fera cette assemblée» lance-t-il du haut des marches. Il charge un des professeurs de rédiger une demande auprès de l'APC pour disposer d'une de leurs salles pour jeudi. «Mesdames et messieurs, je vous demande de revenir demain pour confirmer le rendez-vous» Les présents s'éclipsent peu à peu non sans faire quelques commentaires. D'autres professeurs arrivent en retard et demandent des nouvelles. Ils ont lu l'annonce parue dans les quotidiens. L'Etablissement Arts et Culture demande aux professeurs de reformuler leurs demandes d'emploi et de constituer un dossier administratif complet. Les demandes seront ensuite soumises à une commission de recrutement. «Aberration, dira M. Badache. Certains de nos professeurs totalisent plus de 20 ans d'ancienneté. Aujourd'hui, on leur demande de revoir leur carrière» Les 70 enseignants du conservatoire ont unanimement pris part à l'action de l'association, toujours selon M.Badache, qui nous apprendra par ailleurs que la situation du Conservatoire d'Alger n'a jamais été aussi mauvaise avec l'Etablissement Arts et Culture. Cette EPIC a été désignée en octobre 2000 par la wilaya d'Alger pour assurer la gestion administrative de l'école. «Nous avons connu des périodes difficiles avec le Comité des Fêtes de la Ville d'Alger (le comité avait assuré lui aussi l'administration de l'école avant qu'elle ne soit confiée à Arts et Culture). Nous avons cru qu'avec la nouvelle administration tout s'arrangerait, mais rien de cela n'est arrivé, bien au contraire» M.Badache reproche à Arts et Culture la remise en cause du mode de fonctionnement de l'école. L'Etablissement a par ailleurs privé les enseignants de leurs émoluments durant la période des vacances scolaires et cela sans aviser le personnel. La tentative de concertation initiée par l'Association des professeurs avec le directeur de l'Etablissement Arts et Culture, le 6 septembre dernier, n'a donné lieu qu'à des joutes verbales, selon M.Badache. «Il est impossible de discuter avec lui» Pour M.Mohammedi, directeur de l'Etablissement Arts et Culture, le souci des professeurs se limite à la rente: «Mon établissement ne peut plus cautionner le mode de gestion auquel se sont habitués les professeurs avec les anciennes structures de tutelle.» Chose troublante, la même source nous apprendra que l'école traînait depuis longtemps des carences impardonnables: «Ce n'est qu'avec Arts et Culture que le bâtiment et les élèves ont été assurés». «Ce qu'on me reproche réellement, c'est que j'entreprends d'ouvrir les portes du conservatoire à de nouveaux professeurs. Pour ce qui est des contestataires, il est à rappeler que 53 d'entre eux ont un employeur principal. Il est impensable qu'ils bénéficient de deux indemnités de congé. Ma démarche répond au règlement en vigueur de la législation du travail.» Intransigeant, M.Mohammedi est apparemment prêt à aller jusqu'au bout de sa campagne d'assainissement. Pour lui, la démarche des professeurs s'inscrit dans l'illégalité. La tenue d'une assemblée générale sans aviser la direction en est une illustration. «S'il faut fermer, on fermera l'Ecole» dira-t-il face au refus des professeurs de se plier aux directives. La rentrée scolaire est fixée au samedi 06 octobre. Celle-ci est d'autant plus incertaine qu'aucune des deux parties n'est prête à revoir ses positions.