Le TNA a connu jeudi et vendredi deux soirées exceptionnelles placées sous le signe de l'échange et de l'amitié franco-algérienne. «En cette année de l'Algérie en France, France-Culture a souhaité faire le chemin inverse : aller proposer aux Algériens d'Alger les spectacles qui évoquent leur culture dans un esprit de partage et d'union algéro-française», a indiqué Laure Adler, la directrice de France- culture, présente récemment à Alger. En effet, depuis le 21 jusqu'à aujourd'hui, cette radio unique en son genre, qui consacre ses programmes entièrement à la culture a décidé de réaliser ses programmes pour certains, depuis l'Algérie, en abordant divers sujets culturels, politiques, historiques, économiques... C'est ainsi que Mohamed Rouabhi, comédien, écrivain, metteur en scène, est venu jeudi dire des textes de Kateb Yacine avec Sonia Mekkiou, notre talentueuse comédienne, actuelle directrice de l'Institut national d'arts dramatiques d'Algérie. Jane Birkin qui, décidément, adore l'Algérie et répond tout de suite oui chaque fois qu'on fait appel à elle, est venue chanter de nouveau mais cette fois-ci au Théâtre national algérien où elle a interprété, toujours avec beaucoup d'émotion, les morceaux de Serge Gainsbourg, revisités en «Arabesques». Elle était accompagnée uniquement de son violoniste, Djamel Benyeles et du pianiste Fred Magie du groupe Djam and Fam. Une demi-heure puis elle s'en va. Court. Trop court. Jane reste toujours aussi vibrante, touchante aussi bien dans ses éternels remerciements que dans sa façon à elle de revivre le répertoire de Serge Gainsbourg. «Vous m'avez magnifiquement accueillie à Annaba, ensuite à Alger deux fois de suite. Comment pourrai-je dire non à une invitation faite entre deux avions?», dit-elle, solennelle. Jane veut nous offrir un cadeau. «Je voudrais vous donner cette chose à cause de ce que vous m'avez donné. Un homme m'a donné sa bague à Annaba. Je l'ai gardée tout le temps. Je voudrais ce soir vous donner un cadeau que je n'ai pas. C'est sa chanson à lui, à Serge» et de poursuivre: «Pour vous ce soir, Alger. Pour ceux que vous aimez et qui vous tiennent la main. Je vous ai vus et c'est très joli. Pour ceux que vous aimez et qui ne sont plus à côté de vous et qui ne peuvent plus donc vous tenir la main. Pour tous ceux que vous aimez et tous ceux que vous avez aimés. Pour les amours alors, pour vos amours alors, pour ceux qui sont avec vous, pour ceux qui ne peuvent plus être avec vous, pour ceux qu'on espère, qu'ils ne soient pas trop loin. Pour Serge alors, ce soir, à Alger, La Javanaise.» Dans le silence et la pénombre, Jane interprète tout en douceur ce morceau d'anthologie, capella. Standing ovation dans la salle. Chaleureuse, Jane Birkin sait entretenir la flamme de la communion avec son public. On pensait que Jane allait «entrelacer» sa voix avec celle de notre chanteuse nationale Fella Ababsa, deux artistes à la fois sur scène. Une au tempérament doux et fougueux, l'autre au caractère trempé et provocateur. Unies par amour de la chanson, de la découverte de l'autre et des rencontres culturelles. Que nenni ! Jane annonce son retrait pour laisser place en seconde partie à Fella Ababsa dont l'album Tachakourat a eu beaucoup de succès au Liban. Dans une tenue à l'allure texane, notre Samantha Fox n'aura pas de mal à séduire un public, d'abord sceptique ensuite conquis. Youyous dans la salle. L'ambiance est à la fête. Aguicheuse, Fella se laisse entraîner par le rythme de la salsa. Ana loueliya, Tachakourat, Evry body sing à Raï...Rien de nouveau en somme. La show woman se donne sur scène sans compter. Elle aussi écoutera son spectacle. Jane Birkin et Fella Ababsa. Un choix assez osé. Enfin, il n'y a pas de quoi fouetter un chat puisque les deux artistes ont chanté séparément, contrairement à ce que certains attendaient. Saluons tout de même la belle initiative de France culture pour qui «la culture est un bien commun, un bien indestructible qui nous rapproche et tisse une identité commune».