Depuis l'annonce de son projet pour l'autonomie de la Kabylie, le 16 avril dernier, Ferhat Mehenni met les bouchées doubles. Après les meetings populaires, Ferhat Mehenni met désormais le cap sur l'université. Ainsi, après avoir sillonné les centres universitaires de Oued Aïssi, Hasnaoua et Bastos, le chef de file des autonomistes était, hier, l'hôte de la faculté de Boukhalfa, pour une conférence sur le thème «L'autonomie et la Constitution algérienne». D'emblée, le porte-parole du MAK considérera que «le projet d'autonomie de la Kabylie et la Constitution sont antinomiques». Il argumentera cette thèse «par le fait qu'il existe un vide constitutionnel autour de cette question». Pour lui, «la Constitution algérienne adaptée sur le modèle jacobin français n'admet pas ce statut». A ce titre, Ferhat Mehenni qualifie la Constitution algérienne telle que «conçue actuellement», d'«obsolète, car elle fait abstraction des régions et consacre le système des collectivités (communes, daïras, wilayas) qui est en déphasage avec les réalités sociologiques, ethniques et culturelles de la nation». en ce sens, il revendique une révision constitutionnelle qui sera en harmonisation et en conformité avec ces réalités. Cette révision constitutionnelle comprendra également la création d'une entité régionale à vocation légiférante et exécutive, la reconnaissance du peuple kabyle ainsi que le développement d'instruments pour la mise en oeuvre de l'autonomie. Dans le même ordre d'idées, Ferhat Mehenni conditionne cette approche par «le transfert de l'Etat central vers la région pour gérer le quotidien des citoyens, à commencer par la sécurité civile qui sera prise en charge par une institution locale». Par ailleurs, le «maquisard» de la chanson expliquera longuement aux étudiants les contours et les mécanismes du texte fondateur de son mouvement, avant de tirer à boulets rouges sur le pouvoir et l'administration locale, lesquels, selon lui, font payer à la Kabylie sa nature frondeuse et ce, en accélérant sa paupérisation et en faisant fuir les investisseurs de la région. Pour conclure, il soutiendra que dans l'état actuel des choses, son projet reste la seule alternative pour une solution globale à la crise de Kabylie, car il estimera que «depuis avril 2001, la région est politiquement autonome de fait».