L'un des objectifs assignés à cette rencontre a été celui de défendre les droits et intérêts des artistes. Le séminaire international ayant pour thème la condition de l'artiste en Algérie, organisé au siège de l'Ugta par l'association des artistes Ehan (qui veut dire tente d'hospitalité en targui), dont le président est Rachid Doufène, en collaboration avec des experts internationaux a été clôturé lundi par l'adoption d'un texte baptisé «Déclaration d'Alger, 28 Avril». Cette rencontre qui devait être une aubaine pour les professionnels pour débattre, à coeur ouvert, de leurs préoccupations, a vu une fois encore les artistes faire faux bond à une rencontre les intéressant en premier chef. Cette absence des premiers concernés repose le problème de la prise en charge de leur condition de travail par les artistes eux-mêmes. Ceci étant, les travaux du séminaire se sont néanmoins déroulés normalement et les présents, des syndicalistes et les quelques artistes qui ont fait acte de présence, ont procédé à un tour d'horizon des questions en débat et proposé une série de recommandations qui ont été adoptées. Parmi celles-ci, nous citons: la participation des artistes à l'élaboration et à l'exécution des politiques culturelles nationales, dans la perspective de veiller d'une part à l'amélioration de leurs conditions de travail, d'autre part, pour mieux jouer un rôle de conseil vis à vis des gouvernements et des collectivités territoriales. Dans cette optique, les participants estiment qu'il est nécessaire que au moins 1% du montant global annuel des ressources publiques soit consacré aux activités de création et de diffusion artistique, de même qu'assurer aux artistes, par des mesures législatives et réglementaires appropriées, la liberté et le droit de constituer des organisations syndicales et professionnelles de leur choix, ainsi que de s'affilier dans ces organisations, assurer le financement continu de la formation des artistes par les pouvoirs publics, le contrôle par ces mêmes pouvoirs des différentes formes d'exploitation des oeuvres des artistes-interprètes, et de leurs prestations notamment dans le domaine de l'audiovisuel, comme d'obtenir de justes rémunérations, la coopération entre les organisations professionnelles d'artistes et l'Onda, afin d'assurer une gestion collective efficace et transparente au bénéfice des ayants droit, et enfin, mettre en garde les pouvoirs publics contre tout accord de libéralisation commerciale pouvant mettre en cause le maintien de la diversité culturelle. Commentant ce dernier point, Thomas Dayen, secrétaire général adjoint de la Fédération internationale, indique, en effet, que les artistes doivent être vigilants, «tous ceux qui prévoient une adhésion dans les organisations mondiale telles que l'OMC, ou l'Union européenne doivent veiller à ce que leur culture soit exempte. Cependant c'est bien que la culture soit un marché, mais si jamais on l'ouvre aux règles de l'OMC, sans dispositif de sauvegarde cela mènera à une catastrophe, et on subira les mêmes conséquences que la Nouvelle-Zélande, laquelle a signé un contrat avec l'OMC stipulant l'échange de la culture contre l'agriculture, bradant de fait sa culture». Cette dernière recommandation a fait réagir le patron de la Centrale Syndicale, «très allergique», dit- il, à l'OMC, ne comprend cependant pas l'attitude de Hakim Taoussar directeur général de L'Onda vis à vis des artistes. Sidi Saïd s'étonne et s'exclame: «(...) étant censé faire appel à des artistes, l'on se demande dans ce cas: vous négociez quoi? En tant que quoi? Et pour quel bénéfice?» Interrogé sur le devenir de l'aspect culturel des négociations avec l'Union européenne, M.Sidi Saïd dira qu'il y a eu effectivement négociation et accord, sauf que cette question a été rétrogradée, voire évacuée, en se faisant classer en 6e position. Enfin, dans la perspective de création d'un syndicat, il a été désigné, lors de cette rencontre, un comité de pilotage, constitué majoritairement de jeunes, à l'instar du groupe Triana, Mohamed KG2, notamment. Pour pouvoir sensibiliser les autres artistes, il a été aussi décidé de créer des syndicats à l'échelle régionale. Afin de promouvoir ces objectifs, les artistes signataires de la présente déclaration ont appelé à l'organisation d'un grand concert de solidarité en Algérie et en France. La prochaine rencontre entre les experts internationaux et les artistes algériens aura lieu le 15 octobre prochain. Nous aurons à y revenir dans nos prochaines éditions.