Il a, à peine, une année d'âge, mais veut absolument prendre son destin en main. Le Syndicat national des artistes, une organisation qui, paradoxalement, ne s'est pas faite de façon naturelle, mais il a fallu du temps, beaucoup de temps pour que les artistes se regroupent autour d'une formation syndicale à partir de laquelle ils peuvent défendre leurs intérêts ainsi que leurs droits. On ne cessera jamais de le dire, le métier d'artiste chez nous est, par excellence, un métier précaire, au point où certains créateurs se retrouvent quand les conjonctures professionnelles ne sont pas favorables, dans une tourmente économique qui frise l'insolence. N'avons-nous pas entendu des cris d'artistes qui se meurent dans les silences et les dénouements ? N'avons- nous pas vu des créateurs dépérir parce que leur univers leur a été fermé? N'avons-nous pas rencontré des énergies qui s'envolaient par dépit, par manque de retour d'appel ? Un artiste n'est pas le commun des mortels, son espace d'expression étant sa survie, sa vie, sa raison. Que les créateurs se regroupent autour d'une organisation syndicale, c'est d'abord un signe qui évoque un peu la maturité ou plutôt la nécessité que cette communauté prenne son destin en main. Les interventions de ce syndicat sur la place publique ne sont pas, il est vrais régulières, mais pardonnons leur cette “jeunesse”. Pour l'une de ses rares sorties publiques, le Syndicat national des artistes qui s'est réuni, la semaine dernière, dans la ville de Aïn Defla, a élaboré une pa-noplie de recommandations allant dans l'esprit de “ défendre et les acquis et les intérêts de l'artiste ”. Des recommandations largement débattues, auparavant, par la famille artiste au cours de longs débats houleux. Les membres de l'assemblée constitutive du Syndicat des artistes, relevant de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), ont souligné, dans ces recommandations, que “l'action syndicale est un cadre légal adopté par l'artiste pour défendre ses droits socioprofessionnels, une adhésion qui exige de tout un chacun d'assumer ses responsabilités et d'œuvrer pour la promotion de l'artiste et de l'art dans notre pays ”. Il s'agit, par ailleurs, selon ces mêmes recommandations, de faire savoir que l'adhésion de l'artiste algérien à l'UGTA “est une reconnaissance de cette catégorie professionnelle pour son rôle en tant que force de revendications et de propositions pour l'instauration d'une politique nationale culturelle qui réponde aux aspirations de tous les artistes et prône la promotion de leurs conditions socioprofessionnelles”. Le même document relève, également, “ l'écart constaté entre les wilayas quand il s'agit d'offrir les conditions d'épanouissement du travail artistique ”. Selon ce document, l'artiste qui évolue à Alger, par exemple, n'œuvre pas dans les mêmes conditions que l'artiste vivant en Kabylie. Pour cela, le syndicat en appelle à travers ce document revendicatif, à une “ plus grande démocratisation des espaces d'expression artistique et son association dans la mise en œuvre de projets à caractère culturel aux niveaux local et national, une action qui devrait être à la hauteur du soutien accordé par les pouvoirs publics pour un développement culturel permanent ”. Les artistes considèrent, à travers ces recommandations, que l'organisation de la profession de l'artiste et la définition de son cadre juridique ainsi que l'organisation des relations de travail “ ont un facteur essentiel dans la protection de l'artiste ”. Le document relève, également, que la “ promotion des droits d'auteur exige l'association de l'artiste dans la gestion transparente de ses droits et la mise en place d'une politique objective qui définit les priorités dans la prise en charge des préoccupations de l'artiste”. Voilà donc pour ce qui est de cette première plate-forme revendicative du Syndicat des artistes, qui espèrent à travers leurs organisation faire davantage entendre leur voix, pour une stabilité et une créativité plus conséquentes.