L'ancien chef de l'Etat jouit d'un capital confiance auprès de la mouvance islamiste A deux mois de la libération de Ali Benhadj, le n°2 de l'ex-FIS et figure emblématique de la mouvance islamiste radicale, les enjeux politiques liés à cette libération deviennent de plus en plus évidents. De source bien informée, on apprend que l'ancien Président algérien Ahmed Ben Bella est pressenti pour prendre la tête d'une délégation qui négocierait du statut politique que les autorités devront donner à la libération de Ali Benhadj et des balises qui lui seront signifiées dès sa sortie de prison, qui interviendrait vers la fin du mois de juin 2003. Des émissaires ont été reçus par l'ex-Président dans sa résidence algéroise, au courant de la semaine dernière, et on pense que d'autres contacts seront établis dès que celui-ci rentrera en Algérie, après une escale bruxelloise. Ce souci, de la part des leaders de la mouvance islamiste encore rattachée à l'ex-FIS, est d'autant plus accentué qu'il prend en ligne de compte les graves dangers qu'encourt Benhadj, une fois libéré, et les menaces qu'il peut à la fois provoquer et dont il peut être la victime. Le général-major Mohamed Lamari avait fait état, l'été dernier, lors d'une conférence de presse donnée à l'Académie militaire de Cherchell, que l'armée «détient des informations qui attestent que Ali Benhadj pourrait être une cible de la part d'éléments du GIA». Cette organisation armée avait, rappelons-le, dès l'«intronisation» de Djamel Zitouni à sa tête, déclaré son ancien gourou, ainsi que tous les leaders politiques du FIS, «érétiques et impies», procédant ainsi à leur excommunication, synonyme d'une condamnation à mort. «Des gardes rapprochés seront proposés à Benhadj, et s'il n'en veut pas, il n'aura qu'à assumer, seul, les conséquences», a ajouté le général de corps d'armée faisant allusion de Abdelkader Hachani, autre gourou de l'ex-FIS, assassiné le 21 novembre 1999, en plein centre de Bab El-Oued, par Fouad Boulamia, un membre actif du GIA. Selon notre source, Ben Bella, qui accepte le principe d'une intercession auprès des autorités politiques et principalement auprès du Président de la République,Abdelaziz Bouteflika, en faveur d'un statut légal, démocratique et juste qui régirait l'avenir politique de celui-ci, peut prendre la tête d'une minidélégation instituée à ce sujet. Ce choix est justifié par les bons rapports qu'entretient l'ancien chef de l'Etat avec les principaux leaders de l'islamiste radical et les accès privilégiés dont jouit celui-ci et dans la mouvance de l'ex-FIS et dans les cercles des décision. Ben Bella passe aussi pour être une personnalité politique «inclassable» sans attache partisane ou politique ancrée, sans ambition de leadership évidente et qui s'inscrit dans le cadre d'une politique fédératrice, apaisante et réconciliatrice. Au centre de ce débat, on (re) trouve, Ali Benhadj. Aujourd'hui âgé de 48 ans, c'est pratiquement le plus ancien prisonnier des politiques du FIS (12 ans) et le seul à ne pas avoir bénéficié de grâce, de révision de procès ou d'une commutation de sa peine de prison en liberté conditionnelle ou en résidence surveillée (cas de Abassi Madani). Son intransigeance et sa démarche à l'emporte-pièce en font une idole de la jeunesse urbaine pauvre en même temps qu'une source de soucis pour les autorités algériennes. La nouvelle génération qui ne l'a pas connu peut s'enticher pour peu que les conditions politiques et sociales le permettent ou que sa pleine liberté d'exercer ses talents d'orateur illuminé lui soit donnée. Officiellement, il sera libre dans moins de deux mois, même si le clan des éradicateurs s'agite pour obtenir une révision du procès («à la hausse», bien entendu). Cependant, dès sa libération, on peut, à satiété, découvrir l'étendue des enjeux dont il est l'axe central.