Un ancien voisin et camarade du lycée Amirouche de Tizi Ouzou, avait brutalement arrêté ses études en 1959 pour rejoindre le maquis, dans la Wilaya III Zone 3. Après l´indépendance, il reprit courageusement ses études et devint après de brillantes études un cadre supérieur au service de la République. Honnête commis de l´Etat, il franchit lentement les divers échelons avant de prendre une retraire méritée. Au lendemain de sa sortie des fonctions officielles, il rédigea dans un quotidien national une lettre éloquente au président Zeroual sur la situation en Kabylie. Il n´y manqua pas de rappeler que, malgré l´énorme travail de propagande des services français, malgré les intenses opérations militaires dirigées contre la Wilaya III et les populations civiles, cette région ne s´est jamais dissociée du combat libérateur mené par tous les patriotes, de Dunkerque à Tamanrasset. Il a aussi rappelé les causes du Printemps berbère. C´est aujourd´hui une occasion de rendre hommage à ceux qui n´ont pas renié leurs origines et à ceux qui sont fiers d´être nés quelque part, quand ce quelque part leur inspire tous les nobles idéaux de l´humanité. Il est bon de rappeler que les divers ethnologues, anthropologues ont défini l´originalité de cette région comme ayant toujours été le refuge des hommes épris de liberté et que par conséquent, les populations qui y ont vécu chichement se sont toujours dressées contre des pouvoirs centraux le plus souvent corrompus, passagers et d´origine étrangère. Cet isolement a accentué son originalité, une originalité d´ailleurs accentuée par un mode de gestion où la djemaâ est séparée de la mosquée. L´histoire du mouvement national nous renseigne sur la myopie des responsables politiques qui ont tous eu les yeux tournés vers l´Orient, même quand leurs intérêts étaient en Occident. Ils ont sciemment refusé d´envisager les problèmes posés par la revendication identitaire qui s´affirme chaque jour un peu plus, à l´heure où la mondialisation brise les nations et ravive les particularismes locaux. La satisfaction de ces revendications ne risque pas de porter un coup à la cohésion nationale. C´est plutôt l´incohérente gestion économique qui risque de porter atteinte à l´édifice fragile patiemment construit par des hommes animés d´un patriotisme aux larges horizons. Une politique d´investissements productifs dans cette région lésée par les héritiers de Boumediène et meurtrie par un terrorisme qui dure, une prise en considération de la plate-forme d´El Kseur et l´abandon de manoeuvres qui tendent à opposer la Kabylie aux régions d´Algérie, ramènera un peu de paix dans les coeurs. Demain, cette région fêtera le Printemps berbère à la mémoire de tous les militants disparus pour cette cause de Benaï-Ouali à Massinissa Guermah, tous ceux qui sont tombés sous les balles des tontons macoutes, qu´ils soient en uniforme vert ou en tenue afghane.