La chanson française vient de subir une véritable saignée. Dans la même journée elle vient de perdre deux grands artistes dont la longévité de la carrière est à la hauteur de leur talent. D´abord, Sacha Distel. Il avait toutes les chances pour plaire. Né dans une famille qui compte un grand musicien: Ray Ventura et son orchestre; ils ont égayé toutes les soirées dansantes occidentales de l´Europe, jusqu´en Amérique du Sud dès la fin des années 30. Cela servit de tremplin à un jeune Sacha qui se révéla être un virtuose de la guitare. Son inclination pour le jazz le mènera à interpréter des chansons sur des rythmes afro-américains. Cela ne l´empêchera pas d´interpréter des chansons d´amour (ô quelle nuit) langoureuse ou des chansons drôles ou comiques (Monsieur cannibale) sa chanson dont le titre était une simple onomatopée d´origine anglo-saxone (Scoobidoo...) va lancer dès le début des années 60 la mode du scoubidou. Il atteindra son apogée après sa liaison amoureuse avec le sexe-symbole de l´époque Brigitte Bardot avec qui, il travailla sur le film de Vadim Et Dieu créa la femme. Il constituera un orchestre sur le modèle de celui créé par son oncle Ray Ventura et animera une émission durant deux années sur la chaîne publique française (le Sacha-Show). Il remportera un grand succès populaire qui ne connaîtra d´égal que celui qu´il aura auprès des plus belles femmes du show-busniess. L´autre artiste de talent qui vient de tirer sa révérence est un des nombreux cadeaux faits par l´émigration à la France. Comme Marcel Mouloudji, Yves Montand ou Serge Zvane, Serge Reggiani est issu de l´émigration ayant exercé de nombreux métiers, il atterrit sur les planches de théâtre où il se fit remarquer. Jacques Becker le propulsera sur le grand écran en lui offrant l´opportunité de donner la réplique à Simone Signoret dans Casque d´or. Il suivra une longue carrière cinématographique et collaborera avec de grands réalisateurs comme Claude Sautet (Vincent, François, Paul et les autres), ou Marro Ferreri (La grande bouffe). Il incarnera un pittoresque indien nu dans un film du réalisateur italien (Touche pas à la femme blanche). Il se convertira à la chanson en interprétant de grands textes de Prévert, Moustaki et d´autres. Il connaîtra un franc succès avec «Les loups sont entrés dans Paris». «La femme, qui est dans mon lit» ou «Le barbier de Belleville» comme Mouloudji et Rezvani, il se mettra à la peinture, un artiste accompli et une vie bien remplie.