Il semblerait que l´Humanité a toujours été confrontée à ce triste phénomène qui a endeuillé les annales de l´Histoire. Il semblerait que le meilleur moyen et le plus court chemin pour arriver au pouvoir est de supprimer son concurrent direct par la méthode la plus brutale et la plus expéditive: le meurtre. L´assassinat d´Abel par son frère Caïn est le symbole et en même temps les limites que peuvent dépasser l´ambition et la soif du pouvoir. On ne peut expliquer le premier crime humain que comme la conséquence d´une rivalité. Depuis Caïn, l´Histoire offre de multiples exemples de ces crimes politiques tantôt organisés par le rival direct tantôt par l´aile politique qui s´estime lésée par l´arrivée au pouvoir ou par la permanence au pouvoir de la victime désignée. D´ailleurs, la chaîne Histoire avait déjà l´année dernière consacré une série d´émissions pour expliquer les causes profondes de l´assassinat politique. La menace d´une dictature de Jules César amena une frange du Sénat à organiser son meurtre dans les allées même du Capitole et à faire figurer parmi les conspirateurs, le propre fils adoptif de César, Brutus. Les fils de Charlemagne tentèrent de se faire éliminer par le meurtre puis par les guerres. Quand un parti n´ose pas trop se mouiller, on met sur la trajectoire de la victime, un fanatique, un illuminé: c´est le diagonale du fou. Ainsi, le bon roi Henri IV fut poignardé par un moine fanatique: Ravaillac. Quand le coup de poignard ou la balle assassine n´est pas donnée par un inconnu, c´est alors l´entourage même du candidat désigné à la mort qui organise ou met en scène l´attentat. La garde prétorienne est la mieux désignée pour accomplir ce geste fatal: Nehru, Indira Ghandi ou Kabila furent ainsi supprimés par leurs gardes du corps les plus proches. Ce n´est pas seulement le désir d´accession au pouvoir qui pousse les politiques à commettre ce geste irréparable, c´est aussi le désir d´influer sur le cours politique des choses. C´est en général la droite la plus conservatrice qui organise, de machiavéliques guets-apens pour donner un coup de barre plus à droite. Le général de Gaulle, J.F.Kennedy, Mohamed Saddate, Boudiaf et Rabbin eurent droit à des attentats parfaitement orchestrés où les vrais commanditaires s´en sont tirés à bon compte. Quelquefois, l´élimination d´un leader politique influent est appliquée pour faire plonger le pays dans les affres de la guerre. La chaîne Histoire explique magnifiquement pourquoi Jean Jaurès a été tué à une terrasse de café par un inconnu: c´est le seul qui aurait pu empêcher le parlement français de voter la guerre en 1914. Jean Ferrat a immortalisé cet acte ignoble par une émouvante chanson: Pourquoi ont-ils tué Jaurès?