Après la crise et la guerre en Irak, la Ligue arabe tente de rétablir la cohésion des rangs. Sur fond d'après-guerre en Irak chaotique, pour ne pas dire anarchique, le secrétaire général de la Ligue arabe, M.Amr Moussa entame, au milieu de cette semaine, par l'Algérie une tournée dans trois pays du Maghreb. Il s'agira pour le premier responsable de l'organisation panarabe, du moins selon le délégué permanent algérien auprès de cette institution régionale arabe, M.Souleimane Cheikh, «d'examiner les moyens d'activer le rôle arabe pour relever les nouveaux défis dans la région». M.Moussa est attendu demain à Alger, première étape d'un périple de «plusieurs jours» qui le conduira également en Tunisie et en Libye, ae indiqué M.Cheikh à l'issue d'une rencontre au Caire avec le secrétaire général de l'organisation arabe, consacrée justement aux préparatifs de la visite de ce dernier en Algérie. Le secrétaire général s'entretiendra alors avec de hauts responsables algériens de ce qui est appelé «l'avenir du rôle arabe» et des moyens de l'activer pour pouvoir «relever les nombreux défis qu'affrontent les pays arabes», a déclaré le délégué permanent algérien auprès de la Ligue arabe. Par la suite, M.Amr Moussa se rendra en Tunisie où il s'entretiendra avec le chef de l'Etat, Zine El Abidine Ben Ali, et son chef de diplomatie, M.Habib Ben Yahia. Il terminera sa tournée par une visite en Libye où il aura des entretiens avec le dirigeant libyen M.Mouammar Kadhafi et le ministre libyen de l'Union africaine, M.Abdesslam Ali Triki. C'est dans ce dernier pays que la Ligue arabe semble avoir, selon les analystes, un casse-tête institutionnel avec les menaces répétées de Tripoli de sortir du giron de l'organisation interarabe en signe de protestation contre l'échec de l'ordre arabe officiel de traiter avec les nombreux défis dans la région notamment les questions irakienne et palestinienne soumises depuis quelque temps aux velléités de mise au pas de Sharon et de Bush. Devant ce qui est vu comme une passivité arabe sans fin, le dirigeant libyen a récemment réitéré ses menaces de retrait de son pays de la Ligue, même s'il ne les a pas encore mises en application. Les observateurs des affaires arabes s'interrogent aussi sur le fait de savoir comment l'organisation arabe va gérer l'après-Saddam sur le plan diplomatique arabe et plus particulièrement quelles seront les futures relations des pays arabes avec l'Irak de l'après-guerre, notamment avec le futur régime politique qui sera installé à Bagdad par les forces d'occupation américano-britanniques. D'ailleurs pour résoudre toutes ces équations, M.Moussa a déjà annoncé son intention d'effectuer des visites dans la plupart des capitales arabes pour entreprendre des consultations avec leurs dirigeants. Pour ce même objectif, il s'est ainsi déjà rendu en Jordanie, en Syrie et en Arabie Saoudite. Autrement dit, à l'heure du nouveau remodelage géopolitique qui s'instaure dans la région arabe sous le contrôle américain, des dossiers chauds attendent autant la Ligue arabe, en tant qu'institution régionale arabe, son secrétaire général en tant que responsable arabe, que les membres qui la composent, en tant que représentants officiels des aspirations des masses arabes. Reste à savoir si le nouvel ordre qui se met en place dans toute cette région du monde n'emportera pas tout sur son passage et lui substituera un autre échafaudage.