La réflexion stratégique impulsée au début des années 90 et orientée vers la redéfinition de l´architecture de sécurité intérieure, et des parades à mettre en oeuvre face aux menaces terroristes n´avait pas pris en compte les données «grand banditisme» et délinquance. Afin de désengager les forces de sécurité (police et gendarmerie) des missions de protection et de surveillance des établissements et des sites stratégiques, pour les recentrer sur la lutte antiterroriste, des solutions d´urgence ont été élaborées et mises en oeuvre, dont principalement la création d´un corps de la garde communale et le système de sûreté interne des établissements. Les systèmes internes des établissements, à charge des organismes civils par le biais de la création d´agences de sécurité (ou de gardiennage de sécurité) étaient principalement conçus pour prévenir les intrusions terroristes. Chaque établissement devait se pourvoir d´un plan de défense. Mais, aujourd´hui le contexte stratégique a changé, ce dispositif avec les missions qui lui étaient confiées par l´ordonnance portant sûreté interne des établissements est resté pratiquement figé en l´état, alors que les menaces se sont diversifiées et ont changé de nature. La réflexion sécuritaire par contre, n´a pas accompagné ce changement de contexte, plus particulièrement en ce qui concerne le gardiennage sécuritaire. Deux exemples peuvent être fournis à l´appui de ce constat. La semaine dernière, une jeune étudiante avait déclaré à la radio Chaîne III, qu´elle avait été menacée puis dépossédée de force de son mobile dans l´enceinte même de l´université par un jeune non étudiant sous les regards impuissants des agents de sécurité. L´autre exemple concerne la gare routière de Kharrouba. Alors que les agents de sécurité préposés aux entrées faisaient consciencement le contrôle des bagages pour y déceler l´introduction éventuelle d´explosif, les passagers se faisaient dépouiller de leurs biens. Dans les deux cas, la menace terroriste a probablement disparu bien que la posture de vigilance doit demeurer constante, mais la menace a changé de nature, alors que les missions des agents de sécurité sont restées figées. Il importe donc de reprendre la réflexion menée à l´époque au sein du conseil interministériel de sécurité (qui n´est pas formalisé à ce jour), d´intégrer les données de nouvelles menaces dans l´ordonnance portant sûreté interne des établissements et de redéfinir en complémentarité les missions des délégués de wilaya en matière de sécurité. Il s´agit cette fois-ci, de prendre en charge la sécurité à l´intérieur même des établissements en assurant aux agents de sécurité une formation adaptée aux nouveaux enjeux de sécurité. Si l´animation des agences de sécurité (publiques et privées) peut incomber (c´était l´objectif initial) aux délégués de wilaya, dans l´attente que des réformes dans la zone des activités de l´Etat intègrent l´élu dans le champ local de la sécurité, l´animation coordonnée des délégués de wilaya devrait pouvoir trouver une réponse dans l´éventuelle reprise du projet abandonné de création d´un délégué national placé auprès du ministre de l´Intérieur. D´autre part, l´exemple du camion piégé lancé contre le mur de l´enceinte de la centrale Sonelgaz du Hamma nécessite aussi la clarification du concept de «sécurité aux abords immédiats» de l´établissement inclus dans l´ordonnance citée ci-dessus. Quelles sont les limites des «abords immédiats» quand l´APN avait rejeté la proposition en la matière formulée par le ministère de l´Intérieur? Mais, au sein des deux assemblées parlementaires, s´il y a bien une commission défense nationale, il n´y a pas par contre, une commission sécurité intérieure dans le nouveau contexte, où les menaces aux frontières sont très peu probables et qu´à celles-ci sont substituées des menaces d´un autre type qui attentent à la vie et aux biens des personnes sans mettre en péril les intérêts vitaux de la nation.