Cette Ong américaine a rendu public un rapport accablant les autorités civiles et militaires de Mohammed VI. Freedom House, dans son rapport, rappelle les conditions historiques qui avaient amené le Maroc à coloniser le Sahara occidental au mépris de l'ensemble des lois internationales depuis novembre 1975, date de la tristement célèbre «marche verte» du défunt Hassan II. Le rapport rappelle la signature d'un accord de cessez-le-feu en 1991 entre le Maroc et la Rasd (République arabe sahraouie démocratique), sous l'égide des Nations unies. Celui-ci prévoyait la tenue d'un référendum sur «l'indépendance dès le début de l'année suivante sous la supervision de la Minurso», force onusienne d'interposition entre les deux parties en conflit. Mais les tergiversations marocaines et sa mauvaise foi ont fait gagner au Royaume la bagatelle d'une dizaine d'années. Le rapport note, tout en la dénonçant, «l'insistance marocaine d'inclure dans le corps électoral 48.000 votants qui sont des Marocains, selon le Polisario et la plupart des observateurs internationaux». Les manoeuvres marocaines, du vivant de Hassan II, ne se sont pas arrêtées là. Tant s'en faut. Le rapport note que le Maroc a profité de cette dizaine d'années, durant laquelle l'Algérie a connu une grave crise sécuritaire et institutionnelle, pour «couper tout soutien interne et international en faveur de l'indépendance du Sahara occidental». Pis encore, ajoute le document, «l'ancien roi, Hassan II, avait offert des logements et des salaires aux Sahraouis qui accepteraient de quitter les territoires sahraouis et viendraient s'installer au Maroc». Une manière originale de réduire le nombre d'électeurs au profit des 48.000 Marocains installés de force dans les territoires illégalement occupés. Sur le plan africain, le Maroc, relève encore Freedom House, a lamentablement échoué dans son chantage à l'argent exercé sur de nombreux pays pauvres. L'annulation d'une dette de 120 millions de dollars n'a pas empêché les pays de l'UA, notamment grâce au retour en force de notre pays sur le devant de la scène diplomatique, d'admettre la Rasd comme Etat membre et même d'accorder à son président, Mohamed Abdelaziz, un des cinq fauteuils de vice-présidence de l'Union. Le document révèle que le Maroc a même tenté de corrompre l'Algérie en lui accordant un droit de passage vers l'Atlantique en contrepartie de son soutien au Maroc contre le peuple sahraoui qui se bat pour sa dignité et sa souveraineté. Le Maroc, lui, s'est isolé un peu plus à cause de sa politique coloniale éculée en se retirant de l'UA après avoir bloqué le processus d'édification de l'UMA. Mais les choses se sont aggravées depuis que Mohammed VI a, pour la première fois, en 2002, rejeté le référendum, le qualifiant de «périmé». C'était là le prélude aux graves dérives en train de se produire présentement au niveau de l'ONU et qui risquent à terme de fouler aux pieds le droit international et celui des peuples à l'autodétermination dans le but de satisfaire les exigences coloniales du Maroc. Mais Freedom House relève que le Timor oriental, qui a connu une situation bien pire, a fini quand même par avoir gain de cause sans le soutien de personne. Le rapport, sur sa lancée, relève les nombreux et graves dépassements commis contre les citoyens sahraouis de la part des services secrets marocains. Même si le Maroc fait mine de considérer ce territoire comme étant sien, il n'en applique pas moins des lois innommables sur les Sahraouis, n'ayant rien à voir avec sa législation. Des cas de disparitions, d'exécutions et de tortures sont signalés dans le rapport. Même sur le plan de la représentation, le document relève que seuls des Sahraouis pro-Marocains ont le droit d'être «élus» alors que le Maroc applique des règles n'ayant rien à voir avec les accords conclus entre les deux parties et censés être préservés par l'ONU elle-même. Cet appel aux consciences et au droit intervient à point nommé à quelques jours du sacrifice programmé d'un peuple qui ne monnaiera certainement pas sa dignité ni son droit à la dignité et à la souveraineté totale et non négociable.