Dans son dernier rapport sur l'Algérie, publié dimanche dernier, l'ONG américaine luttant pour le respect des droits de l'homme dans le monde, Freedom House, a épinglé l'Algérie sur le situation des libertés et des droits de l'homme, évoquant au passage des rapports souvent conflictuels qu'entretient le pouvoir avec la société civile algérienne. Des contraintes sous ses différentes formes sont aussi mises en évidence par cette ONG qui constate néanmoins une diminution dans les formes de violence enregistrées durant la décennie noire. Cette ONG a constaté que depuis l'accession au pouvoir du président Bouteflika, l'Algérie a enregistré une amélioration, notamment avec la réduction de la violence interne, des conditions économiques ainsi que de la réforme de certaines institutions de l'Etat. Cependant, cette organisation estime que le gouvernement « continue à traiter les conséquences du violent conflit ayant opposé l'armée et les islamistes » en évoquant « des dépassements des services de sécurité ». Encore une fois, Freedom House n'hésite pas à revenir au-devant de la scène pour créer l'amalgame sur les massacres commis en Algérie en mettant dos à dos les islamistes et l'armée, évoquant notamment une mauvaise gestion de la situation sécuritaire. Selon cette ONG, ce « conflit » a généré des violations des droits de l'homme, des élections pluralistes manipulées, un état d'urgence qui restreint la liberté d'expression et de manifestation. Se fiant à la presse, cette ONG relève par ailleurs que le régime des élections a toujours été contesté par des formations politiques qui ont à maintes fois dénoncé la fraude généralisée. Pour cette organisation non-gouvernementale, bien que souvent consultés, le patronat et les groupes sociaux n'ont pas un droit de regard sur la manière de mener les réformes. Evoquant la presse écrite, cette ONG estime que celle-ci connaît une « vitalité évidente », mais prend toujours ses précautions quand il s'agit d'informations liées à l'armée, aux services de sécurité et au terrorisme. A ses yeux, le gouvernement continue de provoquer les journalistes qui critiquent les hauts responsables en citant la comparution de plusieurs parmi eux devant la justice. Ainsi demande-t-elle au gouvernement de « cesser les campagnes d'intimidation contre les médias et d'abroger ses lois répressives », suggérant également l'ouverture des médias lourds au capital privé. Aussi, pour cette ONG, « il est essentiel que l'ANEP et les sociétés d'impression soient privatisées ». Elle exige aussi la pénalisation des actes de violence contre les femmes. Le rédacteur du rapport, Bradford Dillman, recommande par ailleurs au gouvernement d'amender certaines dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale en ouvrant un débat franc et public pour définir les responsabilités et juger les commanditaires des violations. Il suggère de consacrer l'« équité » dans la définition des responsabilités en passant outre sur les auteurs des attentats kamikaze qui ont fait des dizaines de victimes pourtant revendiqués par les groupes islamistes. Freedom House demande l'abrogation « officielle » de l'état d'urgence en vigueur depuis 1992, comme elle invite l'Etat algérien à revoir les conditions de visite des prisonniers pour permettre aux avocats de prendre attache avec eux durant tout le processus de jugement. Elle suggère aussi au Parlement de renforcer ses prérogatives et de s'ouvrir davantage sur la société. Pour le rédacteur de ce rapport, la justice doit se libérer des pesanteurs politiques et se constituer en conseil de la magistrature plus libre. Abordant le thème de la corruption, cette organisation estime que malgré la promulgation d'une nouvelle loi contre la corruption, ce phénomène continue toujours à défrayer la chronique, prenant comme preuve le rapport de Transparency International. « La réglementation ne fait pas défaut dans ce domaine, mais les citoyens ne peuvent toujours pas avoir accès aux conclusions effectuées dans ce cadre », regrette-t-elle.