Faure Gnassingbé Eyadema, le fils de feu le président togolais Etienne Gnassingbé Eyadema décédé au début du mois de février, qui a accédé aux hautes charges de l´Etat en remplacement de son défunt père du fait de l´armée, a dû, sous la pression de l´Union africaine et de la communauté internationale, faire marche arrière. Mais pour Gnassingbé Eyadema, qui reste dans la course pour les élections présidentielles, ce n´est que partie remise. Le fait à relever est que Faure G. Eyadema est passé de peu devant un héritage que sans doute il estimait lui revenir de droit. De fait, cet ex-heureux héritier de la République a failli perpétuer une tradition ouverte en 1994 par Kim Jong Il, fils du «leader bien aimé», le «Soleil de la nation», le Grand Kim Il Sung président de la République populaire de Corée (RDPC, Corée du Nord). Et c´est paradoxalement un Etat communiste, le plus fermé, le plus mystérieux s´il en est, qui ouvre la voie à cette extravagante «dynastie républicaine». Voie inopinément empruntée, quelques années plus tard, par Bachar Al Assad qui prit au pied levé le sceptre du pouvoir des mains de son défunt père, le président syrien Hafez Al Assad, décédé en juillet 2000. Avant Al Assad Junior, un troisième rejeton de ces hommes forts habillés en kaki, le général Joseph Kabila, s´est aisément mis dans les costumes présidentiels de son père feu le président congolais Jean-Désiré Kabila assassiné en 1997 à Kinshasa. Après les dictatures des pères, qui ont exercé un pouvoir sans partage sur la République, ce sont donc les fils qui prennent la relève faisant de ces Républiques autant de monarchie du troisième type en créant de baroques dynasties républicaines. De fait, d´autres rejetons, fils à papa, piaffent dans leurs starting-block, attendant avec impatience le moment où leurs pères respectifs décident de leur laisser le fauteuil du trône. C´est singulièrement le cas de Seif El Islam El Gueddafi, fils du ci-devant colonel El Gueddafi, guide de la Jamahiriya libyenne, et Gamal Moubarak, fils du Raïs égyptien, Mohamed Hosni Moubarak, qui hésite actuellement, à rempiler pour un cinquième mandat, alors que Moubarak Junior se tient prêt à toute éventualité. Si la «passation» des sceptres s´est faite dans un consensus des caciques au pouvoir, donnant à Kim Jong Il, Joseph Kabila et Bachar Al Assad, d´accéder sans coup férir aux plus hautes charges de l´Etat, cela n´a pas été le cas pour Faure G. Eyadema qui a eu besoin d´un coup d´Etat constitutionnel, le Parlement amendant les articles de la Constitution, qui prévoit l´accession à la présidence du pays pour une période transitoire de 60 jours du président de l´Assemblée nationale en cas de vacance du pouvoir à la tête de l´Etat. Mais son coup s´est heurté à l´opposition ferme, notamment, de l´Union africaine, qui a pris des sanctions contre le Togo mettant ce pays au ban de l´Afrique, obligeant M. Eyadema à renoncer (provisoirement) à la charge de chef de l´Etat, et aux comploteurs de Lomé à revoir leurs plans de prise de pouvoir. Ce qui aurait pu et dû être une exception voire une curiosité, -la bizarre succession dynastique de Kim Il Sung-, est devenue au fil des années et des disparitions des vieux potentats, une règle pour ces vieilles dictatures qui aspirent ainsi à régner par leur descendance et à devenir un pouvoir dynastique par le transfert du pouvoir à la postérité. Au moment où le pouvoir des monarchies s´amenuise partout dans le monde, voilà le «tiers-monde» qui innove en portant aux faîtes du pouvoir les fils d´hommes qui ont eu une grande responsabilité dans la stagnation politique et le sous-développement économique de leur pays. Ainsi, au moment où le monde avance, Africains et Arabes marchent à rebours de l´histoire, et ces dynasties républicaines ne rassurent guère sur le devenir de nations ainsi prises en otage.