Il y a quelques jours, on recevait cette lettre de la part d´un lecteur: «Dans une de vos chroniques, vous parlez de Sidi Saïd responsable de l´Ugte - Sincèrement je ne crois plus en l´Ugta (c´est regrettable) car je la compare à l´une de nos entreprises qui sont dissoutes - d´ailleurs combien d´Algériens sont affiliés à cette organisation? Je trouve que Sidi Saïd ne fait que de la politique - Vous vous souvenez lors de la dissolution en chaîne des entreprises nationales, il n´avait pas cessé de répéter ´´cette fois-ci, nous ne laisserons pas le gouvernement faire ce qu´il veut, on va réagir pour faire face au licenciement des travailleurs etc...)´´ .Finalement il n´a rien fait, au contraire il soutient indirectement les mesures prises dans ce sens. Comment se fait-il que Sidi Saïd parle de la Fonction publique alors que des ingénieurs d´Etat exerçant dans ce secteur et ayant plus de 20 ans d´expérience touchent à peine 16.000 DA sans aucun autre avantage? Comment expliquer que des cadres nommés par décret (on sait comment ils sont nommés ) touchent 50.000 DA avec d´autres avantages tels que le don de 800.000 DA pour l´achat d´un véhicule? Je vous prie d´aborder ce problème dans votre journal-Merci.» Signé Benachour Farid A notre tour de dire merci à Farid, parce que nous trouvons géniale cette idée de nommer Abelmadjid Sidi Saïd secrétaire général de l´Ugte, façon de dire qu´il n´a rien à voir avec la défense des intérêts des travailleurs de ce pays. Et si on était Sidi Saïd, on écouterait ce cri du coeur d´un cadre du pays. Si on était Sidi Saïd, on serait moins copain avec Ouyahia, Benachenhou, Habib Yousfi et Omar Ramdane, pour l´être davantage avec les éboueurs, les chauffeurs de taxi, les mécanos de la Snvi et les électroniciens de l´Enie. Si on était Sidi Saïd, on plastronnerait moins et l´on appliquerait l´esprit des directives du bureau international du Travail (BIT). Si on était Sidi Saïd, on se méfierait un peu du vent d´ultralibéralisme qui souffle sur le pays et qui risque d´emporter le peu qui reste de la souveraineté nationale chèrement acquise. Si on était Sidi Said, on écouterait un peu plus Louisa Hanoune, non pas pour faire comme le président de la République, mais parce que cette femme de tête pose les vraies questions et soulève les lièvres du FMI et des majors du pétrole. Si on était Sidi Saïd, on tournerait sept fois le stylo dans sa main avant de signer la reddition des travailleurs et des cadres - autour du banquet de la tripartite - , qui ne l´ont pas mandaté pour. Mais on n´est pas Sidi Saïd, et lui n´écoute ni Louisa Hanoune ni les travailleurs ni les cadres, ni les enseignants, ni les ingénieurs, ni les praticiens de la santé. Lui n´écoute que ses amis du gouvernement et du patronat, la banque mondiale, le FMI. Pourquoi s´en empêcherait-il, puisqu´il vient de recevoir la bénédiction du président de la République lui-même, qui est allé lui rendre visite à la Maison du peuple pour fêter l´anniversaire de la création de l´Ugta. Le chef de l´Etat n´a-t-il pas déclaré ne reconnaître qu´un seul syndicat, à savoir l´Ugta, au détriment de tous les autres? En fin de compte, M.Sidi Saïd a inauguré un nouveau type de syndicat: le syndicat gestionnaire, en gommant tous les aspects revendicatifs. En outre, en signant ce pacte social avec le gouvernement et le patronat, il prépare le terrain à la mise au placard, sinon aux oubliettes, de toutes les chartes que l´Algérie a rédigées depuis l´indépendance. Est-ce à dire que c´est la réécriture de l´histoire contemporaine du pays qui est engagée, tout au moins de l´histoire idéologique? Sidi Saïd historien, c´était la seule médaille qui manquait à son palmarès.