Chef d?entreprise jeune et dynamique, Youcef K. est un peu le profil type de cette nouvelle vague de patrons algériens qui sont apparus à la suite de l?ouverture économique. Gérant d?une société familiale, il avoue qu?être homme d?affaires en Algérie, aujourd?hui, est loin d?être une sinécure, mais cela ne l?empêche pas de s?adonner à l?une de ses passions, le football, qu?il a découvert lorsqu?il était jeune (en cadets) et qu?il continue de pratiquer occasionnellement lors de ses (rares) moments libres. Bien que natif de Birkhadem et fervent supporter du club de cette ville, sa formation préférée demeure le? MCA. Portrait d?un Chenoui pour lequel on est tout ouïe. InfoSoir : Votre établissement porte le nom «Momin». Cela a-t-il une signification particulière ? Youcef K. : «Momin» est le nom d?un de nos produits, les huiles moteurs notamment. Mais en fait, notre société est enregistrée sous le nom de «K. B. H. S.». Que signifient ces lettres ? Comme c'est une entreprise familiale, ces initiales ont été empruntées aux nom et prénoms des membres de la famille. Quand avez-vous fondé cette entreprise ? Il y a près de cinq ans. Nous nous sommes spécialisés dans les produits chimiques, notamment les huiles industrielles ainsi que les huiles pour moteurs. On fait aussi dans le plastique et les colorants. Le marché algérien a-t-il été difficile à pénétrer ? Oui, cela n?a pas été facile d?autant plus que la Sonatrach avait donné instruction à ses stations de privilégier la production nationale au détriment des produits importés. Donc, vous importez seulement ? Pour le moment, nous importons, mais nous avons un projet avec nos différents partenaires étrangers afin d?installer une usine de production, ici, en Algérie. D?ailleurs, on envisage de lancer cette opération au cours de cette année pour répondre plus efficacement à la demande. Est-il difficile d?être homme d?affaires, aujourd?hui, en Algérie ? Oui, c?est très difficile. D?abord, un homme d?affaires ne dort pas souvent ; il ne mange pas à des heures régulières comme tout le monde. Il est toujours stressé et il prend du poids constamment parce qu?il mange souvent du chocolat pour lutter contre le stress. Quels sont vos principaux clients ? Des entreprises nationales, des grossistes ainsi que les compagnies étrangères travaillant dans le Sud. Vous êtes aussi introduit dans le monde du football puisque vous aidez financièrement le club de Birkhadem? Oui, cela fait trois ans que j?aide ce club par fierté et du fait que j?y suis né. Sous quelle forme manifestez-vous votre soutien ? Sous différentes formes. Par exemple, lors de la première année, on a pris en charge le salaire de Gourmane, l?ex-coach du CRB notamment, qui drivait Birkhadem à l?époque. On achète aussi des équipements sportifs pour l?équipe. Puisque vous apportez une aide financière régulière, pourquoi ne pas prétendre à la présidence du club ? On me l?a souvent proposée, mais j?ai refusé pour au moins deux raisons. La première est que je n?ai pas le temps. La seconde, et elle très importante, c?est que Birkhadem ne dispose ni d?un terrain ni d?un stade. C?est dommage pour un club réputé pour son école qui a formé d?excellents joueurs. En fait, vous êtes un mécène, vous donnez de l?argent, mais cela ne vous rapporte rien? C?est cela, c?est du mécénat. Pour moi, j?aide ma ville natale et c?est tout. Je ne veux même pas que la marque de notre société soit apposée sur le maillot des joueurs. Mais pour vous imposer sur le marché, cela pourrait faire connaître davantage vos produits si leur nom apparaissait sur les maillots. Pour le moment, c?est la fiabilité et la qualité de nos produits qui nous font connaître. D?ailleurs, on s?est fait une place sur le marché grâce à cette politique de qualité. A ce jour, on n?a pas eu besoin de publicité pour attirer les clients. Toutefois, pour nous redéployer, on sera obligé de recourir à cette autre forme de communication qu?est la publicité. Si un jour, le club de Birkhadem obtenait de bonnes infrastructures, seriez-vous tenté d?en être le président ? Je n?exclus pas cette éventualité, car, pour moi, gérer un club, c?est comme diriger une entreprise. Mais actuellement cette formation n?a même pas un bureau où pourraient se réunir les dirigeants, et ce n?est pas à moi d?investir dans ces infrastructures ou un stade. Maintenant, je trouve désolant que le club qui a formé les Guettouche, Hediber, Berguiga, Fekid et tout récemment Brahim Chaouch (qui fait les beaux jours au MCA) en soit réduit à être SDF. Vous-même, vous auriez pu faire une belle carrière puisque vous avez évolué à Birkhadem? Oui, j?ai joué en cadets au milieu de terrain pendant deux ans, mais ensuite j?ai choisi le chemin des études. Ne pensez-vous pas qu?une formation comme Birkhadem n?est pas à sa véritable place en régionale ? Non, moi j?estime que ce club pourrait avoir sa place en Nationale II. Il pourrait ainsi continuer à faire de la formation tout en étant à un niveau acceptable. Birkhadem n?a jamais accédé en Nationale II à travers toute son histoire. Mais imaginez ce niveau de l?équipe si elle avait gardé tous ses meilleurs éléments ? Si un jour on modifiait le statut des clubs, seriez-vous prêt à acquérir le club de la ville où vous êtes né ? Pourquoi pas ? C?est un club que j?aime et je voudrais en faire ma fierté et celle de toute la ville de Birkhadem. Est-ce un rêve pour vous ? Ce n?est pas, à vrai dire, un rêve, mais je sais qu?en Europe, il y a des entreprises qui ont acheté et qui gèrent des clubs. Alors pourquoi ne pas suivre ces exemples qui, pour la plupart, sont des réussites ? Parmi les clubs de l?élite, avez-vous une équipe préférée ? Disons que je suis un supporter du MCA, mais je suis très attiré par l?USMA parce que c?est la meilleure équipe d?Algérie actuellement, mais aussi parce que ses dirigeants sont des amis. Ne vous ont-ils pas proposé de sponsoriser les Rouge et Noir ? Non, mais j?envisage d?inclure le sponsoring dans ma stratégie de communication à partir de cette nouvelle année. Je peux vous dire que je suis en train d?étudier sérieusement la question. Alors, verra-t-on bientôt le nom de votre entreprise sur les maillots des champions d?Algérie sortants ? Je ne peux pas encore vous dire quelle forme aura ce sponsoring. ça pourrait être aussi la location de panneaux publicitaires au stade Hammadi, mais rien n?a encore été décidé. Et à l?étranger, quelle équipe soutenez-vous ? Celle où évolue Zidane, c?est-à-dire le Real Madrid. D?ailleurs, mon meilleur ami, c?est Zidane. Vous êtes vraiment un copain à «Zizou» ? Non, je suis très lié avec Djamel Zidane, l?avant-centre de la fameuse équipe nationale de 1982 qui nous avait représentés en Coupe du monde en Espagne. On s?appelle souvent au téléphone. Et vous allez au stade ensemble? Non, parce que Djamel a peut-être gardé un mauvais souvenir de notre football et il ne va plus au stade. Moi, en revanche, je suis régulièrement le championnat national. Quels sont les joueurs qui vous plaisent le plus actuellement ? Il y a Hocine Achiou qui est le joueur qui monte, sans oublier Billal Dziri qui prend de l?âge sans perdre son talent. Ce sont des éléments usmistes. Mais pour le supporter mouloudéen que vous êtes, vous n?avez cité aucun joueur du MCA? Il faut être réaliste, le MCA est un club historique, mais il est loin de son prestige d?antan. A mon avis, c?est juste un problème de gestion. Moi je suis mouloudéen, mais je crois qu?il n?y a pas de honte à essayer de suivre l?exemple de l?USMA où il y a un seul homme qui commande, en l?occurrence Saïd Allik, qui a su s?entourer et qui dirige l?équipe avec rigueur et efficacité. Express - Birkhadem ? Mon honneur - L?USMA ? Le club de mes amis - Djamel Zidane ? Un grand monsieur - Zineddine Zidane ? Un grand joueur - Le MCA ? Mon équipe préférée - Maradona ? Le génie - K. B. H. S. ? C?est ma vie - Laroussi ? Il a fait beaucoup pour l?USMA - Benali ? Le maestro - Allik ? Un bon président de club