Une perception commune du concept de terrorisme en vue d´une parade collective a pour préalable une homogénéisation des systèmes politiques, ce qui passe obligatoirement par l´adoption des mêmes valeurs, dans les différents espaces civilisationnels. Or, si des pays musulmans peuvent considérer que «l´intégrisme est la matrice porteuse du terrorisme» sans admettre que la laïcité est la matrice porteuse de la démocratie, à l´évidence il n´y a pas une perception commune de la démocratie dans tous ces espaces. Si alors la lutte contre le terrorisme est dite menée au nom de la démocratie et de la protection des libertés publiques, il s´en déduit qu´il peut y avoir des divergences dans les finalités politiques du combat qui est censé devoir se conduire d´une façon solidaire. Il n´ y a pas que le terrorisme qui doit faire l´objet d´une conférence internationale sous les auspices onusiennes à l´effet de définir consensuellement tous les éléments constitutifs de ce concept. Une conférence internationale équivalente devrait être aussi convoquée pour ce qui concerne une définition consensuelle du concept de démocratie. Il y a des pays dans lesquels c´est la démocratie qui est la menace majeure et il y a des pays qui font l´amalgame entre terrorisme et résistance, entre subversion et opposition. Le fait que les Etats-Unis aient pensé à un plan «G.M.O» de démocratisation des pays musulmans, implique que, selon leurs perceptions, les systèmes politiques de ces derniers sont des facteurs générateurs du terrorisme, que la doctrine wahhabite ne repose pas sur les mêmes valeurs que les leurs. Cela implique également que les Etats-Unis ne croient pas que les régimes musulmans veuillent instaurer la démocratie version occidentale, ni que ces derniers combattent le terrorisme pour instaurer la démocratie, mais uniquement pour assurer leur survie politique. Les Américains considèrent même que des régimes arabes sont obsolètes. Mais, ces derniers n´en sont pas dupes. Pour avoir fréquenté les Américains, même en position de soumis, ils ont fini par accéder au mode de cheminement de pensée américain et jouent avec les mots. Ils sont tous pour les reformes, la démocratie, l´Etat de droit, autant que le sont les Américains mais, les mêmes mots n´ont pas les mêmes contenus.