Ils ont dans leur ligne de mire le Président de la République lui-même. Dans une mise au point adressée à la presse nationale, le chef de cabinet de la présidence de la République, Larbi Belkheir, a formellement démenti les informations rapportées par quelques quotidiens dans leur édition de jeudi et qui font état d'une intervention personnelle de sa part auprès de l'ancien Chef du gouvernement, Ali Benflis. «Je tiens à affirmer, de la manière la plus solennelle, que je n'ai participé, ni de près ni de loin, à des discussions avec l'ancien Chef du gouvernement, portant sur les futures échéances électorales ou sur son maintien à la tête du gouvernement», lit-on dans la mise au point. La sortie médiatique du très discret responsable de la présidence de la République renseigne sur la violente campagne qui se profile à l'horizon. En faisant une interprétation pour le moins abusive de la déclaration de l'ancien chef de l'Exécutif, certains cercles intéressés par la prochaine échéance électorale entendent, sans doute, porter un coup dur au chef de l'Etat. En fait, «le mégapouvoir», attribué à Larbi Belkheir, et puis cette rumeur, savamment distillée, donnant l'homme comme mis à l'écart de l'institution présidentielle, participent d'une opération de déstabilisation du chef de cabinet de la présidence de la République. Mais plus encore, ses détracteurs ont dans leur ligne de mire le Président de la République lui-même. En effet, en montant les scénarios les plus invraisemblables sur les raisons qui ont amené Belkheir à reprendre du service, les apprentis sorciers, que de nombreux observateurs classent dans la rubrique des laissés-pour-compte, entendent donner de l'institution présidentielle une image quelque peu détestable, où l'intrigue règne en maître. C'est ainsi que Larbi Belkheir est tantôt peint comme «le général», chargé de veiller sur les intérêts des militaires, tantôt comme le chef de file d'un puissant clan derrière lequel s'organise la rente. En le mitraillant, c'est le chef de l'Etat qu'on cible en réalité. Cela étant, le choix du Président de la République est basé sur les qualités intrinsèques de l'homme, qui a toujours montré de grandes disponibilités à umer toutes les fonctions dont il a été investi. En effet, de la direction de l'Enita (Ecole nationale des ingénieurs et des techniques de l'armée), au poste qu'il occupe présentement, en passant par le cabinet de la présidence de la République durant les années Chadli et le portefeuille de l'Intérieur qu'il a occupé de juin 91 à décembre 92, Larbi Belkheir, 65 ans, natif de Frenda à Tiaret, s'est d'abord comporté comme un commis de l'Etat veillant d'abord à la sauvegarde des intérêts de la nation avant toute autre considération. Dans les coulisses, même ses adversaires les plus acharnés lui reconnaissent un sens aigu de l'Etat. C'est l'une des principales raisons qui font la longévité politique de cet homme et réduisent à néant toutes les tentatives de lui nuire. A ce propos, un ancien ministre a révélé à L'Expression qu'avant d'entrer au gouvernement, il nourrissait beaucoup d'appréhensions sur le personnage, mais «après avoir travaillé avec lui, j'ai compris pourquoi les Présidents de la République voulaient l'avoir dans leur proche entourage. Il est doué d'une grande intelligence qu'il n'hésite pas à mettre au service de la nation», ure cet ex-ministre qui ne dépend d'aucune chapelle politique. Plus encore, notre interlocuteur ure avoir été «impressionné par l'ampleur du réseau relationnel dont dispose Belkheir, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays», un carnet d'adresses bien rempli, «qui lui permet de déjouer de nombreuses crises, dont j'ai été témoin», poursuit l'ex-ministre. Pour revenir à la mise au point, il est clair que Belkheir invite les cercles hostiles à Bouteflika à comprendre que les moeurs politiques ont bel et bien évolué et que le jeu politique est autrement plus transparent qu'il ne l'était. Autrement dit, avec son démenti, Larbi Belkheir renvoie la balle aux détracteurs de Bouteflika en déjouant publiquement une autre machination concoctée dans les laboratoires de l'intrigue politicienne, intéressés, en premier lieu, par la déstabilisation de l'institution présidentielle.