Le gouvernement plancherait déjà, et de façon prioritaire, sur cette épineuse question. Le règlement de la crise de Kabylie avec le maintien de M.Yazid Zerhouni à son poste de ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, en dépit des nombreuses critiques l'ayant ciblé pour sa gestion de la crise de Kabylie, donnerait lieu en ce moment à d'incessants conciliabules entre les différentes sphères décisionnelles. Reconduit à son poste au grand dam des animateurs du mouvement des ârchs, de l'opposition et de la population en Kabylie, cet ancien des services de renseignements du temps du défunt Kasdi Merbah saura-t-il surprendre encore en s'insérant dans la démarche d'un règlement de la crise par la voie du dialogue au risque de se remettre en cause par rapport à ses positions tranchées antérieurement par rapport aux origines des émeutes qui ont secoué cette région du pays jusqu'à la paralyser? Cela peut paraître très difficile, de prime abord, étant donné que dans l'imaginaire populaire, l'idée est incrustée que Zerhouni est le parfait exécutant d'une politique planifiée par un cercle du pouvoir aux fins de provoquer un bain de sang. De plus, cet homme a été contesté même par les délégués dits «taiwan» lors du dialogue gouvernement-citoyens libres de 2001. Mais pour nombre d'observateurs, il ne pourrait y avoir d'avancée sur cette question tant que les responsables du blocage de la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur, reconnue tacitement par le communiqué de la présidence de la République du 23 septembre 2001 invitant le mouvement des ârchs au dialogue, ne seraient pas identifiés. Idem pour la non-mise en oeuvre des recommandations des ateliers mixtes gouvernement-ârchs et consacrés par l'engagement solennel du Président Bouteflika dans son discours du 12 mars 2002 Par ailleurs, Yazid Zerhouni ne se gêne pas pour parler de contacts avec des personnalités de la région en faveur d'un règlement pacifique du conflit, faisant fi ainsi de toutes les actions menées par des délégués du mouvement, des organisations et des militants de formations politiques pour dénoncer les dérives dangereuses des instances des ârchs ainsi que les desseins inavoués du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK). La donne Ouyahia, un homme connu pour ses positions tranchées, saura-t-elle apporter une réponse à tous ces questionnements, et contribuer, du coup, à la réussite de la démarche initiée le 29 septembre 2002 par d'anciens dialoguistes revendiquant la mise en oeuvre des engagements du chef de l'Etat envers la région et ses représentants? La rue kabyle, en particulier, algérienne de manière générale, attend pour voir. Elle ne semble pas convaincue par l'idée selon laquelle Benflis devra assumer, seul, la responsabilité du blocage des institutions durant les 33 mois qu'il a passés à la tête du gouvernement. Même si plusieurs voix dans le mouvement citoyen ont reproché à l'ex-Chef du gouvernement d'avoir «favorisé» un dialogue de coulisses avec Ali Gherbi (président du Comité de la société civile d'El-Kseur) dont la crédibilité est de plus en plus discutable au sein du mouvement. En conclusion, si le conciliabule actuel autour de la crise de Kabylie aboutissait à un consensus entre les sphères du pouvoir, elle pourrait connaître un début de dénouement dès la semaine prochaine. Ce sera un gage de disponibilité de l'Etat à l'encouragement des voies pacifiques pour le règlement des questions pendantes.