Les bras m´en tombent! Je suis abasourdi par la nouvelle sortie du ministre de l´Education! Que se passe-t-il donc actuellement dans les laboratoires du mystérieux ministère qui nous a sorti la génération que nous connaissons si bien et qui a fait parler d´elle de l´Afghanistan jusqu´à Bentalha en passant par la Bosnie, la Tchétchénie et... Trafalgar Square! Quel foehn souffle donc sur les quartiers huppés d´Alger? N´allez pas me dire que c´est au «rapatriement» de la dépouille de M.Puchert, ce martyr de la guerre de Libération, tombé au champ d´honneur, assassiné sur la terre froide de la brumeuse Germanie par les mains d´une organisation criminelle issue des services parallèles de l´armée coloniale, une organisation qui enfantera plus tard l´OAS, que l´on doit pareille velléité. Je ne pense pas que c´est pour rendre hommage aux nombreux enfants nés outre-Rhin qui ont témoigné leur sympathie pour le combat libérateur du peuple algérien qu´on va décider la promotion de la langue de Goethe: il doit y avoir une raison plus profonde, plus scientifique. Dans un pays où l´on a du mal à satisfaire les revendications linguistiques d´une partie de la population qui se sent frustrée par la marginalisation d´une langue présente depuis 3 000 ans (ou plus) sur cette terre rendue sacrée par le sang des martyrs ayant balbutié ce langage ravalé au rang de dialecte par les avatars de l´histoire, voilà qu´on parle de promouvoir une langue que seul le colonialisme français, allié à l´impérialisme britannique, ont su contenir dans ses frontières nationales. Peut-on dire que nous l´avons échappé belle? Un colonialisme en vaut un autre. Et ce grand pays qu´est l´Allemagne, arrivée trop tard à l´unification qui lui aurait permis de se constituer un empire colonial aux côtés des Français et des Anglais, s´est sentie cruellement frustrée. Pourtant, c´est un grand pays qui a donné d´abord de grands philosophes: rappelons-nous les écrits de l´inoubliable ministre des Habous, Mouloud Kassim Naït-Belkacem, qui, dans ses écrits, citait pêle-mêle ave brio les philosophes qui l´ont nourri: Fichte, Schopenhauer, Kant...Encore un peu, il aurait cité aussi Marx...mais ceci est une autre histoire. Ce pays, qui a enfanté une littérature fantastique, injustement méconnue ici à cause de l´ombre que lui ont fait les lettres françaises, a donné des auteurs immortels de Novalis à Gunther Grass...Et c´est un pays industrieux: c´est le pays des plus grands chimistes qui ont fait de l´Allemagne la patrie de l´industrie pharmaceutique et des armes de destruction massive...C´est le pays des grands géographes, des grands astrophysiciens, de paléontologues renommés qui ont remué tous les sols du Moyen-Orient pour approfondir la connaissance de l´Histoire. C´est la patrie de l´optique, de la bière, des femmes dans les vitrines, de la saucisse et des camps de concentration. Eh oui! Il a fallu un petit caporal de Bohème pour ternir l´image de ce grand pays et de ce grand peuple connu pour sa rigueur, sa discipline, son civisme... Imaginons un seul instant que nous ayons été colonisés par les alliés de feu Mohammedi Saïd: nous aurions connu la saucisse de Francfort, l´oktoberffest et nous aurions écrit sur nos cahiers d´écoliers «nos ancêtres les Germains...» Cela n´aurait pas empêché les Algériens de travailler pour le roi de Prusse...comme ils le font actuellement.