Le changement à la tête de l'Exécutif qui vient d'avoir lieu a imposé son implacable logique : se déterminer ou se marginaliser. C'est dans cet étroit cadre que le chef de file du courant dit moderniste, le RCD, et l'émanation des errements de rassemblement de ce camp, la Ccdr, viennent de se manifester, l'un pour commenter la nouvelle donne au gouvernement, l'autre pour débattre du concept de la citoyenneté dans le cadre d'un forum régional organisé à Tizi Ouzou. Ainsi pour le revenant Saïd Sadi, l'initiative du chef de l'Etat a fait que «le débat public s'est imposé au régime». Mais il oublie de dire que le débat politique s'est, lui, imposé aux partis politiques, notamment à ceux qui entretiennent l'apparence de constituer l'alternative face au régime en place et à leurs rivaux islamistes ou nationalistes conservateurs. Dans un conseil national, qui s'est tenu à la fin de la semaine à la Maison du peuple et s'agissant du limogeage de Ali Benflis, Saïd Sadi, à l'instar de ses compères de la classe politique nationale, est demeuré peu prolifique, sinon très prudent face à la nouvelle donne. Appréciant le limogeage de M.Ali Benflis par le chef de l'Etat, celui qui a toujours été animé de l'ambition de devenir le leader de ce qu'il appelle le camp républicain n'a pas voulu se «laisser aller à des commentaires précipités», tout en s'appropriant au passage cet épisode de la vie politique nationale comme «une vraie avancée» démocratique s'entend. La Ccdr, qui a déjà avoué publiquement l'échec de ses ambitions de constituer un mouvement national et républicain regroupant tout ce que compte le pays comme forces dites démocratiques, s'est attelée, elle, à disserter sur la notion de citoyenneté avec au programme un forum national sur le sujet pour les 2 et 3 juillet prochain. En fait, hormis le PT de Louisa Hanoune et du FFS qui, de temps à autre, saisissent les opportunités pour déclencher un tant soit peu le débat sur des questions qui intéressent les citoyens et la société, les formations politiques de ce camp paraissent comme faisant de la figuration au sein même de ce microcosme appelé opposition politique au régime en place. Résultat: jamais, depuis leur naissance légale et officielle il y a plus d'une décennie, les partis dits démocrates ou qui se présentent comme tels n'ont sonné faux dans le paysage politique algérien. Partis alibi en cas de besoin, et de faire valoir politique, ils ne sont que le reflet d'un système et d'une société qui se complaisent dans le statu quo et la marche à reculons. Ils n'existent que pour eux-mêmes au grand dam d'une authentique vie politique démocratique dans le pays.