Ainsi donc, il aura fallu que le ministère de l´Habitat change de titulaire pour que l´opinion publique sache que la gestion immobilière du parc des Opgi souffre d´un grave déficit en cadres qualifiés. L´aveu rapporté par le quotidien national El Moudjahid a été fait en marge de la conférence des cadres du secteur, présidée par le nouveau ministre de l´Habitat, M.Noureddine Moussa. Rien ni personne, jusque-là, n´avait reconnu une telle carence et le secteur avançait au petit bonheur la chance après chaque livraison de logements. Ce qui revient à dire qu´on avait beau construire (même le million de logements compris dans le programme du président de la République), rien n´était fait pour le suivi et la maintenance du parc qui ne cessait d´augmenter. Rien n´était fait ou plutôt rien ne pouvait se faire faute de compétences disponibles. Aujourd´hui et grâce à cet aveu, il est aisé de comprendre l´état lamentable dans lequel se trouve le parc national des ascenseurs. De s´expliquer l´hygiène déplorable dans laquelle sont maintenues nos cités. De comprendre le racket qui sévit dans les espaces de parkings et l´insécurité qui en découle. Aujourd´hui et grâce à cet aveu, la sonnette d´alarme est tirée. L´Etat est sommé de remplir sa mission et permettre à la gestion immobilière de sortir du marasme dans lequel elle se trouve depuis l´indépendance. Le problème n´est pas aussi insurmontable qu´ont voulu le suggérer tous les responsables du secteur qui ont précédé l´actuel ministre de l´Habitat qui est seul à dire ne pas disposer de ressources humaines qualifiées et à même de gérer convenablement l´immobilier. Aujourd´hui et grâce à cet aveu, tous les responsables, qui se sont succédé à la tête du secteur de l´habitat auparavant, nous ont mené en bateau, les uns par leur silence, les autres par leurs discours de diversion. Et c´est précisément cette absence de gestion immobilière qui est la cause du non-recouvrement des loyers à hauteur de 70% (chiffre officiel), de la démission des occupants, du vandalisme des autres, de toute l´incurie qui règne dans les cités livrées à elles-mêmes. Au-delà de toutes les explications qui aujourd´hui sautent aux yeux parce que «nous n´avons pas de cadres qualifiés en gestion immobilière», il est impératif d´aller au plus vite vers la solution. La solution est d´abord d´ordre législatif. Les textes qui existent, que ce soit dans le Code civil ou dans les décrets spécifiques à la gestion immobilière comme les syndics et les conciergeries, se télescopent dans une obsolescence totale. A titre d´illustration, il est prévu dans ces textes qu´en cas de désaccord des occupants à élire leur syndic, le président de l´APC de la commune concernée désigne lui-même le syndic. Une disposition qui n´avait aucune chance d´être mise en oeuvre tant les élus s´intéressent aux problèmes des cités comme de leurs dernières chaussettes. Autre illustration, il était question, un temps pas trop éloigné, du corps d´administrateurs de biens. Un peu à l´image de ces mandataires des quelques Français qui ont encore des biens en Algérie. Sauf que leur statut n´est pas clair et c´est le moins que l´on puisse dire. Alors syndic, administrateurs de biens, délégués...il faut mettre de l´ordre sans hésiter à aller vers la privatisation de ces fonctions qu´il faudra inscrire dans les programmes de formation professionnelle et dans la délivrance des agréments, voire même la prestation de serment. Législation, formation, agrément et forte volonté politique peuvent donner l´espoir d´aller d´ajustements en réajustements vers une véritable gestion immobilière dans notre pays. C´est la vie en collectivité, c´est la citoyenneté qui sont en jeu. ([email protected])