Ceux qui croient que les Etats-Unis sont encore la première puissance au monde devraient lire l´entretien accordé, lundi dernier, par Bill Clinton, le précédent président des Etats-Unis, au journal français Le Figaro. «Tout pays a le droit de défendre ses propres intérêts mais à condition de respecter une sorte de consensus sur la direction générale que doit prendre le monde» a-t-il révélé après avoir stigmatisé «l´unilatéralisme» qui est, selon lui, la cause des malheurs des Etats-Unis. Plus explicite, Bill Clinton montre carrément du doigt «l´Administration Bush qui croyait qu´elle pouvait faire ce qu´elle voulait». En suggérant que tous les malheurs de Bush et de l´Amérique aujourd´hui viennent de là. Mais qu´a-t-il ce président Bush à tant s´entêter et ne pas respecter le fameux «consensus sur la direction générale que doit prendre le monde»? Son dernier entêtement est le rejet de la partition de l´Irak. Une partition pourtant voulue par le Congrès américain. On comprend dès lors son entêtement de toujours et que tout le monde connaît, de ne pas retirer ses troupes d´Irak malgré le tollé général provoqué par la communauté internationale à part une ou deux voix. Le tollé du fameux «consensus» dont parle Clinton. C´est ainsi que le monde fonctionne depuis la Seconde Guerre mondiale, tient à préciser Bill Clinton, avec une certaine accentuation depuis la fin de la guerre froide. Ainsi donc, l´homme qui sait de quoi il parle pour avoir été à la tête des Etats-Unis durant deux mandats, reconnaît qu´il y a un «consensus» plus fort que l´Amérique sans donner la composante de ce «consensus». Bill Clinton sait d´autant plus de quoi il parle quand on sait qu´il a réussi à éviter le pire avec l´affaire Lewinsky. Officiellement, Bill Clinton est à Paris pour la promotion de son dernier livre publié aux éditions Jacob. Officiellement, seulement, car et en vérité, il a tout l´air de mener auprès du «consensus» la campagne de sa femme Hillary, candidate à la prochaine présidence des USA. D´ailleurs, l´inévitable question lui a été posée: «Pensez-vous que si Hillary Clinton, votre femme, est élue présidente l´année prochaine, l´image de l´Amérique dans le monde s´en trouvera automatiquement améliorée?». Et Bill Clinton de répondre sans hésiter: «Oui, et je crois que ce sera très rapide...si nous montrons que nous sommes prêts à nous désengager des rôles de combat de première ligne... alors, le ressentiment à notre encontre s´estompera vite». Voilà pour l´offre de service. Donc, c´est «le consensus» qui dirige le monde. Mais qui fait partie de ce «consensus»? Grâce à Clinton, nous savons que George Bush n´en fait pas partie. Et que tous ceux qui sont contre sa politique forment forcément ce «consensus». Un bon observateur peut aisément les identifier. Poutine, par exemple, qui s´entend bien avec Bush, ne fait donc pas partie du «consensus». C´est pourquoi tout le monde avait hâte qu´il achève son deuxième mandat (comme pour le président Bouteflika) pour disparaître avant de démontrer qu´il est plein de ruse pour garder le pouvoir d´une autre manière et pour longtemps encore. «Le consensus» devrait logiquement réagir à cette ruse. Affaire à suivre donc... L´autre point important dans ce que dit Bill Clinton est «cette direction générale que doit prendre le monde». Une direction qui n´est, en tout cas, pas celle que veut imprimer Bush. Notamment avec son GMO pour notre région. Quelle direction alors pour nous? Ben, voyons! Celle de l´Union méditerranéenne. Sans aucun doute, puisque ce n´est pas un projet de Bush mais du «consensus» très certainement. ([email protected])