L´APN n´arrivera pas à nous surprendre: avec elle, il faut s´attendre à tout, même au pire. Déjà, quand les bienheureux élus étaient «choisis» sur une double liste du parti unique, on savait à quoi s´attendre. Toutes les propositions de loi qui seront discutées et notées seront conformes aux voeux du chef d´orchestre qui, de sa baguette invisible, dirige le ballet. Et quand le chef d´orchestre passera l´arme à gauche, d´autres arrangeurs le remplaceront: ce qui provoquera la cacophonie d´Octobre 1988. Ouyahia a bien fait de dénoncer les lobbies quand il omet de dénoncer les clans: à moins que lobbies et clans ne coïncident. Mais alors qu´attendre d´une APN qui a failli brader les richesses nationales? Qu´attendre d´une Assemblée qui, jadis, devant l´invasion de l´espace audiovisuel par les chaînes satellitaires et l´impuissance d´une télévision stérile, a proposé de brouiller les satellites? On devine l´étendue de la culture de cet élu originaire de Oued Souf!... Alors que les rares gens qui se sont dérangés le 17 mai aux bureaux de vote désertés, pour alléger leur conscience du sentiment du devoir civique accompli, pataugent dans des problèmes qui vont chaque jour s´aggravant, «nos» valeureux députés, pour asseoir une légitimité mise à mal par l´abstention massive du corps électoral, ont préféré noyer le poisson. D´accord, l´Algérien moyen connaît depuis 1962 le problème du logement. Depuis, d´autres problèmes sont venus se greffer: emploi, pouvoir d´achat, corruption, régionalisme, népotisme, enfin tous les maux que peuvent connaître les pays où les élus tournent le dos à l´intérêt national, intérêt national qui devrait se traduire par la promotion d´une production nationale au détriment des importations stériles qui vont enrichir un banc de requins affamés et qui engendrent le chômage et la récession. Bref, au lieu de s´atteler à résoudre les problèmes et à combler le retard multisectoriel de ce pays qui a payé chèrement son indépendance, au lieu de chercher à combattre les lobbies qui affament le peuple en mettant la patate et le blé au sommet des hit-parades, au lieu de créer les conditions pour que chaque citoyen puisse se croire chez lui, nos chers (très chers!) députés proposent une loi sur la transcription de tamazight. Il n´y a pas plus indécent que les gens qui n´ont jamais été préoccupés par la réhabilitation (et la promotion) d´une richesse nationale, puissent l´accaparer et se présenter comme des tuteurs légaux, comme me confiait Saïd Sadi en 1991 à propos de cette transcription: «C´est une affaire de spécialistes!», m´a-t-il répondu laconiquement. Cette procédure est purement et simplement comparable à celle de la loi du 23 février 2005 qui voulait, en France, refaire l´Histoire.