Depuis quelques semaines, nous assistons à un comportement malsain de certains groupes venus de France qui prennent pour cible des pays africains. Il y a cette organisation «humanitaire» appelée Arche de Zoé qui, sous des motifs très fallacieux de venir en aide à des enfants tchadiens démunis, a mis en place un trafic de traite d´humains dans l´intention de les vendre à des parents «adoptifs» français. Et puis, il y a cette équipe de «journalistes» de la chaîne Arte qui, se cachant derrière un reportage sur la grippe aviaire au Niger, vont en réalité, faire un film sur la rébellion touarègue. Dans les deux cas, la vigilance des autorités africaines a permis d´éventer les subterfuges et d´arrêter les coupables. Cela aurait pu n´être que des faits divers, n´était le fait que ces aventuriers ont choisi l´Afrique pour leurs sales besognes. Pourquoi pas l´Amérique? Pourquoi pas l´Europe? Il y a bien des miséreux avec enfants même aux Etats-Unis. En Europe aussi, et dans sa partie Est encore plus. Au lieu d´aller si loin au Niger pour filmer ses convulsions, les journalistes d´Arte auraient dû braquer leurs caméras juste à côté où la Belgique se disloque sous la poussée des rivalités entre Flamands et Wallons? Si des penseurs, comme Malek Bennabi et Albert Memmi, nous ont édifiés sur la «colonisabilité» et certaines prédispositions du colonisé, nous n´en savons pas autant sur «le syndrome du colon» qui considère ses victimes comme des sous-hommes à qui on peut tout faire subir. Un peu à l´image de ces féodaux de l´Europe médiévale et leur relation avec les serfs taillables et corvéables à merci. Dans ce syndrome du féodal, il y a une bonne part de sentiment d´impunité qui autorise le passage à l´acte. Un sentiment d´impunité qui est loin d´être circonscrit à ces seuls aventuriers. Lorsqu´on écoute le leader de cette ONG «Reporters sans frontières» dire à propos des journalistes d´Arte, que «c´est vrai, ils ont dû enfreindre les règlements mais pourquoi les juger et leur faire courir la peine de mort, qu´on les expulse et basta!»; ou le président français, Nicolas Sarkozy, affirmer, péremptoire, que «quoi qu´ils aient fait (l´équipe de l´Arche de Zoé), je les ramènerai (en France)», on est convaincu que ce comportement plein d´arrogance et de suffisance envers les peuples d´Afrique est loin d´être isolé. On peut y ajouter son discours tenu, il y a peu, à Dakar. On oublie que si les Africains sont dans l´état dans lequel ils se trouvent aujourd´hui, ils le doivent à la colonisation qui les a spoliés, exploités, niés et réduits en loques humaines. C´est dans cet état qu´ils étaient une fois leur indépendance recouvrée. Au lieu de faire amende honorable, s´excuser et aider ces peuples à se relever, les anciens colonisateurs campent sur leurs anciens préjugés. Dans le même temps, ils crient à tue-tête qu´ils sont les «pères» des droits de l´homme. Que c´est en Afrique que ces droits sont le moins respectés. Voilà qui nous amène à douter de la sincérité dont se prévalent toutes ces organisations «humanitaires» qui veulent du bien aux Africains et qui disent venir les aider à creuser des puits et leur prodiguer des soins. L´Afrique a compris qu´elle ne doit compter que sur elle-même. En misant sur l´Union africaine et le Nepad. En mettant les points sur les «i» lors du dernier sommet euro-africain de Lisbonne. Il est temps que l´Afrique regarde dans d´autres directions que l´Europe dans sa quête de coopération. Vers les peuples d´Amérique et d´Asie qui ne traînent aucune pesanteur du passé vis-à-vis de nous. Vers des peuples qui nous respectent. Vers des peuples qui ne nous caressent pas d´une main et nous poignardent de l´autre. Et dire que c´est dans un tel contexte que M.Sarkozy nous sort de son chapeau, l´Union méditerranéenne! Bonne année. ([email protected])