Les instructions présidentielles liées au dernier Conseil des ministres font craindre le pire au Parti des travailleurs. Avec son franc-parler habituel, Louisa Hanoune, dans une conférence de presse animée hier au siège de son parti, a dressé un tableau des plus sombres concernant la situation qui prévaut tant en Algérie que partout dans le monde. Sur la base des positions discutées la veille au sein de la direction nationale du parti, la conférencière a relevé «l'absence de divergences sur les dossiers de fond entre le Président et son ancien Chef du gouvernement». Selon elle, «Bouteflika et Benflis sont d'accord sur les privatisations, la loi sur les hydrocarbures, la Fonction publique...». La divergence, la seule, pourrait donc résider dans le fait que les deux hommes ne se sont pas entendus sur les candidatures de la future présidentielle. En 1995, le peuple a voté avec un sentiment de peur. En 1999, avec le risque de voir l'Etat se disloquer. Il ne faut pas qu'avril 2004 nous trouve avec des crises et des contraintes encore plus graves qu'auparavant. Louisa Hanoune, qui souhaite que toute la classe politique se penche sur les besoins immédiats et vitaux des citoyens au lieu de les bercer de promesses, précise que «cet incident conforte le PT dans ses thèses qu'une assemblée constituante et souveraine est seule habilitée à élaborer la Constitution et les lois du pays, mais aussi à nommer le gouvernement et à le démettre en cas de besoin». Même le départ de Temmar ne satisfait en rien le PT. Ce parti, qui se refuse de juger les hommes, ne s'intéresse qu'aux programmes. Or, tout porte à croire que le même programme, notamment les privatisations, sera maintenu. C'est ce qui ressort, a estimé Louisa Hanoune, des orientations données la veille par le Chef de l'Etat en Conseil des ministres. Elle a, à ce sujet, confirmé sa rencontre de près de deux heures avec le secrétaire général de l'Ugta, donnée par nous en exclusivité dans notre édition d'hier. Louisa Hanoune, à ce sujet, a mis en exergue les «préoccupations communes à l'Ugta et le PT sur la non-satisfaction de la plate-forme de revendications liée à la grève nationale des 25 et 26 février dernier». Si la Centrale n'exclut pas le recours à de nouveaux débrayages, le PT, lui, engagé dans les combats au service des travailleurs, des chômeurs et des opprimés du monde entier, «ne lésinera sur aucun moyen que lui octroie la Constitution pour faire triompher leurs desiderata». Le projet portant réforme de l'Etat, selon le PT, menace de disloquer l'Etat comme cela a été le cas au Zaïre. Son maintien est aussi étonnant que le gel des promesses faites en faveur d'une révision du Code de la famille. Ce sont là autant d'indices qui poussent le PT à dire que nous sommes en train de reculer au lieu d'avancer. Sur la base des déclarations de Ali Benflis lors de sa conférence de presse, soutenant que ni le président ni son ancien Chef de gouvernement n'étaient favorables au projet de loi sur les hydrocarbures. «Mais à quelles institutions ou firmes internationales obéissent certains de nos ministres» s'est-elle exclamée, ajoutant que «le gel de cette loi signifie qu'elle peut être remise au goût du jour à tout moment (et que) les récentes injonctions de la Banque mondiale sur la libération des prix des hydrocarbures en sont un avant goût-avec l'essence à 60 dinars, ou plus, pour un seul litre». Sur le plan politique, toujours, le PT a appelé de tous ses voeux la prise de mesure de détente afin de dépasser la crise multiforme que vit le pays. Le PT, en outre, s'attelle activement à préparer son congrès, prévu pour le mois prochain, et compte, dès la semaine prochaine, entamer ses rencontres régionales.