Au lendemain de la rentrée parlementaire, Louisa Hanoune a animé une conférence de presse au siège de son parti pour réagir ainsi à son tour aux questions de l'heure. La chef de file du Parti des travailleurs dresse un tableau des plus sombres de la situation du pays malgré l'embellie financière. «Nous sommes dans un véritable tourbillon, et malgré les rentrées pétrolières, le cadre de vie des Algériens ne s'améliore pas», constate avec amertume la conférencière. L'université, l'école, la Fonction publique, la fermeture des entreprises, le code de la famille, les disparus, l'évangélisation...Louisa Hanoune n'a rien oublié, elle abordera, parfois avec hargne, tous ces sujets qui font l'actualité. Le constat de la candidate à l'élection présidentielle du 8 avril dernier est sans appel: «La politique que mène le gouvernement est contre les intérêts du citoyen.» La conférencière, de sa voix rauque, donne plusieurs exemples, notamment la réquisition de logements sociaux pour héberger les étudiants. «Cela peut provoquer des affrontements entre les citoyens qui attendaient justement ces logements et les étudiants», martèlera Louisa Hanoune. Le problème du livre scolaire, les dizaines de milliers d'enfants qui ne peuvent pas être scolarisés faute de moyens, scandalise Mme Hanoune. «Je suis choquée», dira la conférencière en abordant longuement ces sujets. Pour elle, les réformes engagées jusqu'ici par le gouvernement sont des «contre-réformes» puisqu'allant à l'encontre des intérêts du citoyen. «Les hommes et les femmes qui ont pris d'assaut la rue en 1988 attendent toujours leur droit à une vie décente», assènera l'ex-candidate à la présidentielle, indiquant que «les Algériens sont inquiets et que les tenants du pouvoir devraient regarder ce qui se passe autour d'eux». Les 50 milliards de dollars que compte investir l'Etat durant les cinq prochaines années sont plutôt bien accueillis par le PT, pour peu, dira la secrétaire générale de ce parti, que «le secteur public bénéficie largement de cet argent afin d'éviter les dépermanisations ou, plus grave encore, la fermeture d'entreprises». Elle suggérera, dans le même ordre d'idées, de puiser dans cette énorme «cagnotte» pour effacer les dettes du secteur de l'agroalimentaire où les travailleurs menacent depuis quelque temps d'occuper la rue pour sauver leurs emplois. Abordant la «Fonction publique», la conférencière a été très claire. «La Fonction publique est la colonne vertébrale d'un Etat et si la centralisation est pratiquée, l'Ugta disparaîtra.» Sur la question des disparus, Louisa Hanoune a été incisive: «La vérité doit éclater au nom de la démocratie. Cela fait partie du règlement de la crise.» Quant au code de la famille, la conférencière s'attardera un peu plus sur ce sujet en dénonçant les revendications des «adeptes du tutorat et de la polygamie». «C'est terrifiant de voir qu'en 2004, il existe encore un débat sur la polygamie», assène sèchement la porte-parole du PT en s'interrogeant pourquoi les partis islamistes n'exigent pas de référendum autour de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures, par exemple. Louisa Hanoune informera, par ailleurs, que plus de 500.000 signatures ont été récoltées à travers tout le pays par son parti. Les signatures sous forme de préoccupations des citoyens vont être transmises directement au président de la République. Le PT, indiquera Louisa Hanoune, a demandé officiellement audience au premier magistrat du pays pour lui transmettre ces milliers de doléances de citoyens de toutes les couches sociales.