La secrétaire générale du Parti des travailleurs estime qu'aucune condition pour l'élection présidentielle n'est réunie. Un tableau noir sur la situation politique, économique et sociale du pays a été brossé, hier, par la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, lors d'une conférence tenue au siège de son parti à Alger. Se référant à ce tableau dressé, faut-il le souligner, à trois mois de l'élection présidentielle, la présidente du parti préfère temporiser encore avant d'annoncer sa participation ou non à cette joute. Ainsi, le suspense est prolongé et le doute aussi quant à sa candidature. Pour elle, aucune condition n'est réunie pour garantir le bon déroulement du prochain scrutin. Le comité central du parti, réuni le week-end dernier, a posé plusieurs questions à ce sujet et sans arriver à dire le dernier mot. La dégradation sur le plan social (pouvoir d'achat des citoyens), la fermeture et la privatisation de plusieurs entreprises nationales, le bicéphalisme au niveau du pouvoir exécutif dans la prise de décision, l'insuffisance de lisibilité sur la scène politique, l'éventualité d'une abstention record, la présence d'observateurs internationaux...sont entre autres les questions qui, selon Mme Hanoune, obstrueront le déroulement de l'élection. «L'élection présidentielle se prépare dans des conditions dangereuses dues à la nouvelle configuration tant de la scène internationale que nationale», a-t-elle déclaré. Selon elle, rien ne garantit, pour le moment, la transparence de scrutin. L'opacité dans la gestion des affaires est ainsi citée, par Mme Hanoune, comme un obstacle majeur. «L'opacité est totale et elle reflète l'acuité de la crise politique au sommet de l'Etat», a-t-elle martelé. Cela étant, la conférencière a appelé les responsables à être plus clairs avec le peuple. «S'il y a des problèmes graves, qu'ils nous le disent pour savoir où on en est et où on irait», a-t-elle pesté. Cette situation a fait dire à Louisa Hanoune qu'«il y a péril en la demeure» et que «nous sommes dans une impasse totale». Ainsi, la secrétaire générale du Parti des travailleurs a indiqué que sa formation doit prendre un peu plus de temps pour bien analyser toutes les éventualités. «Tous ces problèmes demandent plus de réflexion avant de trancher la question», a-t-elle noté. Cependant, Hanoune a appelé les responsables à profiter de ces trois mois pour réunir le maximum de conditions qui incluent la révision de la loi électorale ainsi que la révocation des observateurs internationaux. EIle suggère ainsi de donner des garanties aux citoyens, de respecter leurs voix et de leur rendre confiance ainsi que de réhabiliter la pratique politique etc. Pour ce faire, la conférencière a indiqué qu'elle va adresser une lettre au président de la République. «Nous avons décidé de nous adresser directement au courant de cette semaine au chef de l'Etat pour lui exposer nos préoccupations ainsi que nos propositions et les mesures tant politiques, économiques que sociales qu'il faut prendre pour assainir la situation», a-t-elle affirmé. Par ailleurs, la première responsable du PT a indiqué qu'un programme chargé attend sa formation dans les prochains jours. Le plus important est sans doute la session du conseil national qui va trancher définitivement la position du parti concernant la présidentielle. D'autres points ont été également évoqués par Mme Hanoune. Elle a longuement parlé de l'élan de solidarité qu'ont montré avant-hier les Algériens dans des marches de soutien au peuple palestinien organisées à travers tout le territoire national. Les dérapages qui ont caractérisé les manifestations d'Alger ont été également commentés par la conférencière qui n'a pas omis de saluer la position officielle algérienne concernant la cause palestinienne. Pour elle, ces dérapages sont le résultat de l'absence d'encadrement politique. Ce constat l'a amenée à réitérer son appel à lever l'interdiction des manifestations populaires dans la capitale. Dénonçant l'absence de débat au sein de l'Assemblée populaire nationale (APN) sur la situation à Ghaza, la conférencière a souligné que son parti a proposé de convoquer un colloque parlementaire international pour débattre de la question. Enfin, Mme Hanoune a exprimé son étonnement devant le silence du chef de l'Etat devant les crimes que commet Israël en Palestine.