Le tribunal criminel de Blida veut, dans une histoire de tentative de meurtre, entendre et la victime et le témoin. Il était 15h à Blida, lorsque Aïssa Mim, le président du tribunal criminel, accompagné des deux expérimentés conseillers, Ali Rahim et Belaïd Oulahcène ainsi que de Saâd-Nasser-Ouadah.. Le procureur général, entre solennellement dans une salle d´audience clairsemée et où l´atmosphère est lourde. Une affaire de tentative de meurtre avec préméditation et guet-apens va mettre face à face deux accusés dont un est officier des services de sécurité, âgé de 43 ans. «Un officier, diront ses avocats, digne et auteur de coups d´éclats durant les années de feu.» Maître Samir Sidi-Saïd, Maître Yougourthen Haddad et Maître Abbas-Torki Abbas, les trois conseils des deux accusés sont d´accord pour affirmer que ce dossier luit et reluit par ses nombreuses zones d´ombre. «Il n´y a même pas d´expertise autour de la trajectoire de la balle, mais ici, nous faisons confiance aux membres du tribunal criminel.» Ce tribunal qui va devoir renvoyer les débats pour la session criminelle prochaine qui n´est certainement pas pour cet été à trois mois des vacances: les juilletistes, les aoûtins et les ramadanesques. C´est trop long pour deux détenus! Le motif de ce renvoi aura été l´absence et de la victime et de cette femme témoin qui avait été prise pour une femme kamikaze. Une haute personnalité. Et le pauvre officier de lever les bras au ciel depuis le box et invoquer Allah avant de s´écrier que «la révolution bouffait ses enfants un à un». Et ce n´est pas fini: un de ses proches, venu de Mascara pour un soutien réel, de nous balancer: «Ce monsieur a eu des dizaines de logements. Il n´en a pas pris aucun. Il les a offerts à ses soldats, ceux du feu, ceux qui n´ont eu de cesse de sauver la République.» Reste cependant cette balle qui est allée se loger dans le ventre de la victime dont la version est évidemment diamétralement opposée. Or, les faits, eux, restent graves. Les faits qui remontent à 2004, dans la ville de Blida où Mostafa R. effectuait une mission de cueillette d´infos autour de la famille K. Il a alors confié à son tour une mission précise à Abdelhakim S.S.. En 2005, ce dernier informa Mostafa qu´une jeune fille avait été recrutée en vue d´infiltrer l´un des membres de la famille épiée. Affef K. s´est alors amourachée (pour la bonne cause) avec l´un des membres de la famille K. en l´occurrence Amine K. et l´intermédiaire n´était autre que Abdelhakim S.S. Ce dernier apprendra un peu plus tard, à Mostafa, qu´un rendez-vous avec Amine K. avait été pris avec Affef K. Une fois sur les lieux, Mostafa a rencontré Amine K. au volant, aux environs de 21h. Med Amine K. avait alors, selon l´accusé Mostafa, tenté de le coincer avec son véhicule. «J´ai dégainé, une seule balle est allée dans le ventre de la victime, je l´ai su quinze jours plus tard» dira-t-il aux enquêteurs. Ce que ne savait pas l´accusé principal, c´est que la victime s´est dirigée vers l´hôpital aux urgences. Mostafa, entre-temps, avait repris ses activités tard dans la nuit avant de rentrer chez lui sans avertir quiconque de l´incident de 21h. Ce n´est que plus tard que Abdelhakim S.S. informera Mostafa R. que la police recherchait Affef K. qui avait une relation avec Amine K., le blessé par balle, en avril 2005. Par ailleurs, Abdelhakim S.S. avait reçu une convocation par le tribunal de Blida qui le mettra en détention préventive durant trois mois avant de bénéficier d´un non-lieu par la chambre d´accusation. A sa sortie de prison, Abdelhakim déménagera à Aïn Naâdja. Le loyer sera payé par Mostafa à la suite de la réincarcération de Abdelhakim S.S. En 2007, Mostafa R. avait appris qu´une femme kamikaze avait été neutralisée et ce par le canal d´Euronews, sans savoir qu´il s´agissait de la fameuse Affef K.. Il faudra que le père de Abdelhakim S.S. précise ce point à Mostafa. Une communication téléphonique de la part de Fethi M., l´époux de Affef avait dit à Mostafa que sa famille était sous pression. La presse fit entre- temps écho de la présence d´une jeune fille terroriste qui s´apprêtait à commettre un attentat suicide. Il s´agissait de Affef K. C´est alors que Mostafa prit la résolution de la remettre aux services de sécurité ainsi que l´aveu qu´il avait tiré un coup de sommation sur Mohamed Amine K. qui lui était entré dedans avec son véhicule. Le jour du procès, beaucoup de zones d´ombre devraient être estompées car, comment se fait-il qu´un élément des services de sécurité, exerçant dans le cadre de la lutte antiterroriste se voit être poursuivi pour ce que considère l´accusé principal de tentative de meurtre avec préméditation de guet-apens, comme une blessure involontaire. Bon! Il y aura ce tribunal criminel de Blida dont la «munition principale» demeure l´intime conviction qui tranchera avec beaucoup de lucidité. En attendant que la victime Mohamed Amine K. et le témoin Affef veuillent bien venir à la barre éclairer la justice. Les proches des deux accusés prient tout haut, le Très-Haut d´assister leurs enfants qui croupissent en taule, plus que de vulgaires malfaiteurs. En tout état de cause, Maître Abbas-Torki Abbas, Maître Samir Sidi-Saïd et Maître Youghourthen Haddad, auront tout le temps pour mettre en place une stratégie, juste de quoi sauver les deux accusés qui crient leur innocence.