Le gus envoyait des messages alarmants. Devant la juge, il tente de sauver les meubles. Le détenu affirme à la barre qu´il n´a jamais été entendu et que donc, il n´a jamais signé de PV d´audition à la PJ. Saloua Makhloufi Derbouchi, la juge du samedi, demande à l´inculpé de harcèlements, de rapt et demande de rançon, de cesser de divaguer et d´aller droit à la vérité. La victime assure que sa vie est perturbée par de gros harcèlements de cet individu qu´elle ne connaît ni d´Eve ni d´Adam. «Ma vie est devenue un enfer. Il me demande une rançon. Nous n´avons pas dormi durant un mois. Mon mari et moi sommes malades. Nous ne fermons plus l´oeil la nuit. Ma fille ne sort plus, ne joue plus. Est-ce normal en 2008?», dit la victime. Le seul témoin, une voisine, arrive en trombe à la barre pour annoncer au tribunal qu´elle n´est au courant de rien dans ce dossier. Maître Bouzina Rachid pose des questions à la victime à propos de relations existant entre l´inculpé et la fille, la réponse est non. Maître Attaïlia, pour la partie civile, va effectuer une envolée contre l´inculpé qui a dit sa douleur d´avoir entendu des propos de fou à l´encontre des policiers. Cet énergumène a parlé de rapt, de kidnapping. Il cherche des infos sur des familles honorables. Il a empêché cette famille de dormir, de manger, de sortir, de travailler, de, de, de et de...Si vous ne frappez pas fort cet inculpé, nous irons vers des crimes horribles. Le bras de la justice doit frapper fort, très fort. Malheureusement pour lui, son téléphone était sous écoute. Vive nos policiers et nous ne demandons que le dinar symbolique, «trois ans ferme», lâche M´henna Ouamara, le procureur qui a dû apprécier l´ess...de Maître Attaïlia, l´avocate de la victime qui s´est égosillée en informant la juge qu´elle en faisait une affaire personnelle. Elle l´a répété cinq fois! Maître Bouzina refuse de personnaliser ce dossier. «Nous regrettons que la partie civile à travers la plaidoirie de la consoeur se soit impliquée à titre personnel et se soit assise sur le siège du ministère public», a marmonné l´avocat blond qui a aussi balayé du revers de main ces propos que Mustapha M. ait un casier judiciaire. «Non, madame la présidente, la police n´a jamais évoqué le casier mais l´attitude du détenu», a encore ajouté Maître Bouzina qui a dit que les SMS provenaient d´autres puces. Et puis, des menaces via le portable n´existent pas dans le code pénal, pas encore du moins dans notre pays. Et il lit un large passage de l´article 284, avant de revenir à une question capitale posée au cours des débats, question concernant le lieu du kidnapping supposé, un rapt qui n´existe que dans l´esprit de ceux qui n´ont pas voulu suivre le raisonnement de la propre soeur de la pseudo-victime de tentative de rapt: «Elle vous a dit qu´elle connaissait Mostafa tout comme sa soeur», s´est fâché l´avocat qui a vivement réclamé la relaxe, après avoir répété, à titre pédagogique, que l´article 284 ne parle pas, ne contient pas de menaces par «SMS». «En tout cas pas pour ce dossier», a marmonné ce brave avocat blond et bon, un avocat qui a passé les deux-tiers de sa carrière au parquet avec des magistrats rigoureux et donc qui a deviné que cette présidente Saloua Makhloufi Derbouchi dominait le sujet. Un sujet où le harcèlement, les menaces par SMS interposés ne pouvaient qu´être punis même si la partie civile ne réclame que le dinar symbolique. C´est pourquoi l´an de prison ferme, les vingt mille dinars d´amende et l´octroi du dinar symbolique ont justifié les craintes de Maître Rachid Bouzina qui sait plus que quiconque que seul l´appel peut sauver les meubles. Oui, mais attention maître, Maître Attaïlia sera ce jour-là à la barre face à Belkharchi, Bekri, Merzougui ou Benamrane pour ne pas citer Ahcène Noui. Pas, car ce Noui est désormais à Annaba!