La raclée reçue par un jeune voleur a-t-elle été administrée au poste de police? Voyons de près. Un policier costaud-karatéka victime d´une tentative de vol par trois jeunes, a joué au «Zorro» en balançant une mémorable et douloureuse raclée à l´un des trois voleurs, mais la question qui se pose: où a eu lieu la correction? Le tribunal décide... Le prévenu est un gars «bien». Il est connu des services de police. Il l´est même au parquet d´El Harrach. Et Maître Benouadah Lamouri, son avocat, va le rappeler avec beaucoup de bruit. Foi de Messaoudi Barkahoum, la procureure qui a sommé Azzedine de se taire et de cesser d´accabler la victime, policier de son état, karatéka confirmé, présent à la barre. «Je l´ai maîtrisé à terre car il me tenait par une cheville, son deuxième acolyte brandissait un poignard et le troisième menaçant. Je lui ai certes foutu une raclée, car j´avais près de trois millions de centimes à la main gauche et je ne voulais pas perdre la face devant ma famille. Un policier plumé au marché d´El Harrach n´est pas indiqué», a-t-il raconté, pas du tout démoralisé car tenu par les sévères recommandations de la Dgsn et de son staff. Hassiba Rahali, la juge, pose une question qui va l´embarrasser, à propos de la non-utilisation de son arme à feu. Il répond au magistrat que d´abord, il y avait beaucoup de monde et donc des risques. «Ensuite, je tenais un sur trois, donc assuré d´avoir les deux autres par la suite», complète le policier qui avale de travers lorsque le prévenu rétorquera au juge que ce n´est pas un secret s´il lui apprenait que le marché d´El Harrach grouillait d´agents de l´ordre. Messaoudi, à l´affût, est là pour la réplique: «Les voleurs aussi.» Des rires fusent de la salle. Seul, Maître Lamouri ne sourit même pas. Il le fera savoir en plaidant juste. Le juge revient sur la fourniture du fameux certificat médical qui devra lui être remis dans les quarante-huit heures, le verdict étant attendu dans une semaine. Ce qu´il y a lieu de relever, c´est cette histoire de voleur carrément esquinté par un policier en service au marché. Le détenu étant effectivement dans un état catastrophique. Le 3e dan, selon Maître Lamouri, était passé dans les parages. «Vous avez devant vous un jeune policier sportif agressé et qui s´est bien défendu dans la rue, jamais au poste de police», a-t-il dit. Une zone d´ombre demeure cependant: «Où a eu lieu la raclée? Au marché comme le soutient, fermement le flic victime du vol ou au commissariat comme l´a crié le détenu?». Le tribunal, seul, va trancher. Hassiba Rahali prononce le verdict compensant probablement la raclée reçue: un an de prison assorti du sursis, ouf! surtout qu´il y a ce certificat médical en jeu.