Face au redoutable duo d´avocats Djediat-Lamouri, Maârich le procureur dégaine et tire sans viser... Parce que sa famille l´a chassé du foyer, Saïd cambriole ses parents. Dans son geste, il entraîne avec lui Kamel et Zoubir, qui sont dans un état qu´il est difficile de décrire ici... Maîtres Lamouri et Djediat ont eu beaucoup de mal pour défendre un trio, inculpé de vol et recel, deux actes très graves, surtout face à ce redoutable mais honnête président de la section pénale du tribunal d´El Harrach qui relève de la compétence de la cour d´Alger. Pour le premier défenseur, Saïd voulait se venger des membres de sa famille qui l´ont mis à la rue. C´est le fils de la victime, en quelque sorte, qui a planifié le vol. Il fallait voir où et comment cet adolescent vivait. «C´est dans la rue où il vivotait qu´il a pensé à voler les bijoux de sa mère, le poste-récepteur TV et que sais-je?», a-t-il balancé face au tribunal. Au cours des débats. Le second avocat a estimé que son client Kamel n´a pas effectué le recel à dessein. «Il n´a pris aucun centime à la suite de la vente des produits volés», a lancé le conseil qui demande, à défaut de la relaxe au bénéfice du doute, les circonstances atténuantes, et donc la clémence du tribunal. Les «acteurs», eux, étaient coincés dès le début du procès. Le magistrat a passé un bon moment tout comme Maârich le procureur, et par ricochet, le jeune greffier. Le bon moment a lieu dans une salle d´audience lorsque les aveux tombent un à un sans perte de temps et de...sang-froid. Saïd Kamel et Zoubir se sont même fait un réel plaisir de narrer les faits avec, cependant, quelques nuances pour l´un d´entre eux. Le prévenu, par la bouche de son défenseur, a eu beau mettre tout sur le dos du fils de la victime, aujourd´hui présent à la barre en qualité de témoin, car mineur, rien n´y fut. Le juge avait déjà une idée sur la culpabilité des deux copains. «Devant la police, vous aviez donné une version que vous aviez mise sous le boisseau face à M. le procureur. Et aujourd´hui, vous vous barricadez derrière des nuances et autres tentatives d´échapper aux poursuites», balance le président qui voit Ali Mohammed Maârich, cette «bombe» de procureur, lever la main, histoire de respecter les us et coutumes des audiences: «Oui M. le procureur, vous avez une question à poser?» Maârich ne se fait pas prier, il n´ira pas avec le dos de la cuillère. «Il est universellement connu que sans le receleur, le voleur ne peut continuer à voler, car il n´aura plus une "autoroute" où il pourra rouler tout en écoulant sa marchandise mal acquise», a dit, entre les dents, Maârich Ali Mohammed qui va requérir en «gros» la lourde peine de trois ans de prison ferme. Le juge ne trouvera d´autre chemin à prendre que celui de la mise en examen de l´affaire sous huitaine.