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El Merdja jusqu'au cou
Publié dans L'Expression le 20 - 12 - 2008

Trois jours après l´Aïd, les habitants de Sidi Abed (Boufarik) décident de se faire entendre jusque du côté des gendarmes, mal leur en prit...
Nous sommes à quelques jours de la mi-décembre 2008. Des citoyens dont beaucoup d´enfants, exigent que la commune se penche sur leur quotidien. Ils exigent, en premier lieu, l´aménagement d´un tronçon de la route qu´ils empruntent tous les jours de l´année, qu´il vente, qu´il pleuve, que le soleil tape fort ou non.
De la revendication va naître l´incident premier. Quelqu´un jette un pneu brûlé, puis d´autres vont suivre. Puis on s´attaque aux pauvres arbres «sans défense».
Ça se gâte. Les services de sécurité entrent en scène. On tente d´abord de calmer le jeu. On parlemente même. On exige la présence du maire. On annonce l´arrivée imminente d´un émissaire de monsieur le wali de Blida. Rien n´y fit. Les émeutes pointent le nez. Et dans ce cas, ce sont les gendarmes qui s´en mêlent, et lorsque les gendarmes s´en mêlent, le calme est rétabli tôt ou tard, avec ou sans dégâts, force doit rester à la loi. Puis, c´est la période d´interpellation des sinistres individus-casseurs revendiquant leurs droits sous une forme que les vandales eux-mêmes n´oseraient jamais aborder. Des dizaines de perturbateurs sont présentés chez Hamid Tahir, le procureur de la République qui n´est pas né de la dernière pluie. Pointilleux comme tout, exerçant son métier de poursuivant en totale symbiose avec les éléments des services de sécurité, écoutant les uns, refroidissant les autres, grondant ceux qui le méritent, on arrive à sept mises en mandat de dépôt. C´est la correctionnelle!
«Ces jeunes ont été manipulés par de sinistres individus», affirme le maire qui déplore ce qui s´est passé à la Merdja et va jusqu´à réclamer la relaxe! Le «407» est un article du Code pénal qui vise la destruction de bien d´autrui, qui punit sévèrement l´auteur.
Le «97» en est un autre qui évoque «l´attroupement» qu´il soit armé ou pas, qui se dissipe par la force dans le cas où les «pourparlers» avec les autorités échouent...
Sept détenus sur les deux cents personnes qui ont procédé au barrage de la route en déposant des pierres, des branches, sont debout à la barre devant la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Boufarik (cour de Blida). On parle même de destruction de...déflecteurs de voitures n´appartenant pas à l´APC!
«C´est Mohamed, qui a brûlé les pneus sur la route? Qui a dressé des barrages? Qui a détruit les arbres? Que s´est-il passé ce jour-là dans votre quartier?», dit la juge qui a entamé les débats sur les chapeaux de roue. Elle veut visiblement en finir en toute transparence. Mohammed déclare qu´il n´avait rien fait et qu´il s´était retrouvé dans le fourgon en route vers les geôles. «Mais alors qui a entrepris l´attroupement, le désordre, la rébellion?», insiste la magistrate. Les détenus sont jeunes, très jeunes. Et heureusement que les gendarmes se sont abstenus de présenter à la justice la centaine de mineurs qui avaient réclamé, «à leur manière», l´aménagement d´une route dans leur quartier et du transport scolaire...
La demi-douzaine d´avocats emmenés par le trio Hadj Morsli, Maître Abdenour Aït Boudjemaâ et Maître Chérif Dahmani observent le déroulement des débats très corrects et calmes. La juge navigue à vue. Elle tient les rênes de l´audience alors que le procureur de l´audience est attentif et c´est le moins que l´on puisse dire.
Le collectif d´avocats ira dans le sens de l´apaisement. Le maire réaffirme qu´il n´y a eu aucun dégât ni agression de personnes et qu´à la fin de cette faoudha, ce sont les gens du quartier qui ont nettoyé les lieux et, ajoute, qu´aucun jet de pierre n´avait eu lieu. Beaucoup de questions sont posées par les avocats en vue de voir les réponses éclairer la juge qui a voulu vérifier les déclarations à la barre et les propos existants sur les procès-verbaux. Une chose est certaine: le maire était dans la salle d´audience pour tirer les détenus et les inculpés, libres du bourbier de la condamnation.
Il n´a rien demandé en guise de réparations mais est revenu sur l´indulgence du tribunal et le retour des citoyens chez eux, ce mardi après-midi.
Le procureur ne l´entend pas de cette oreille et va être rude lors de son réquisitoire: «Si ces citoyens ont des problèmes, quel avait été le tort des citoyens traversant la RN1 pour vaquer à leurs occupations ou encore empêcher une ambulance de passer?», s´est écrié presque le jeune représentant du ministère public qui va même révéler que les gendarmes avaient proposé un marché: «Evacuez la RN1 et occupez la route chemin vicinal!» (???) a encore dit le parquetier qui a requis une peine de prison de trois ans ferme pour chacun des inculpés.
Maîtres Hadj Morsli Rachid va être le premier à plaider et parle, d´emblée, de désaccords politiciens entre les élus, tout en rendant hommage au maire qui a été franc dans son témoignage. «Et puis, pourquoi avoir présenté quinze personnes sur les deux cents perturbateurs? Qui nous prouve que ce sont ces mêmes inculpés qui ont créé l´attroupement et la destruction de biens d´autrui?», a dit le défenseur. Les autres plaideurs aborderont les mêmes arguments tel cet hommage rendu au parquet de Boufarik qui a su séparer le bon grain du «sel» en poussant à fond les investigations pour éviter des dérapages que d´aucuns pouvaient mettre sur le dos d´une mauvaise gestion du dossier par la justice.
C´est pourquoi, accepter cette histoire de photos prises sur les lieux au moment de la pagaille. «Peut-on procéder à l´arrestation d´un citoyen passant par la route au moment du délit commis. Nous le réaffirmons par plus de deux cents individus en colère», dira Maître Chérif Dahmani. Maître Abdenour Aït Boudjemaâ, va, lui, axer son intervention autour des réalités du difficile quotidien des Algériens.
«Vingt ans après le 5 Octobre, nous vivons épisodiquement de pareilles scènes, car le malaise est profond. Ce qui est curieux, madame la présidente, ces événements ont eu lieu le 11 décembre 2008 et cela me rappelle 1960, les 11, 12, 13 décembre, ces trois jours qui ont vu le peuple sortir, brandissant le drapeau national et des banderoles demandant au colonialisme de quitter "tamourth". Alors, de la coïncidence aux réalités des jeunes, il n´y a qu´un pas qu´on oserait franchir: laissez ces enfants retourner chez eux!», a balancé l´immense avocat qui s´était retenu de rire lorsque le maire, lui, continuait à réclamer avec beaucoup d´insistance le pardon, l´indulgence du tribunal.
Croyant à tort que son statut de premier magistrat lui permettait d´interférer dans les attributions de la magistrature. Et puis quoi encore? Ce qui est certain, c´est le concert de klaxons en fin de journée annonçant la libération des détenus et le sursis accordé à tout ce beau monde, heureux d´avoir recouvré une liberté chérie et réclamée avec beaucoup d´espoir en la justice. Hamid Tahri, le procureur, lui, depuis son bureau, était beaucoup plus pris par les détritus qui jonchent encore l´arrière-cour du tribunal qui fait que la bâtisse a beaucoup de tares à enlever pour que l´autorité de l´Etat soit!


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