Portraits n Noureddine et Aâmmi Laâmri sont deux handicapés que la vie n?a pas du tout épargnés. Leurs souffrances sont quotidiennes et se lisent sur leur visage. «Il est là toute la journée, il ne bouge pas si on ne le fait pas pour lui, il ne peut manger sans l?aide d?une tierce personne, les soupes sont ses seuls et uniques repas.» Dans un coin que nous n?oserions même pas qualifier de chambre, Noureddine est allongé sur un semblant de lit, couvert de quelques tissus et? de vieux habits. Il fait pourtant très froid en cette journée de mars et le rideau qui sert de porte aux quatre murs entre lesquels vit ce jeune handicapé, les deux planches «bricolées» en guise de fenêtre qui ne ferme pas ainsi que le trou laissé sur le toit en éternit ne sont pas faits pour arranger les choses. Noureddine contemple ce qui l?entoure avec des yeux grands ouverts qui en disent long sur ses souffrances. A 20 ans, il semble en avoir marre de la vie. Lui qui ne peut pas se lever pour faire sa toilette. Le comble pour lui est qu?il ne peut même pas se procurer de couches, par manque de moyens financiers. En lieu et place, un tissu, recouvert d?un sachet en plastique, lui permet de se soulager. Sa famille, qui habite une baraque en parpaing à Sidi Ayed, à quelque 6 km du chef-lieu de la commune de Boufarik, fait de son mieux pour lui faciliter la vie. Mais cela reste peu évident quand on sait que le père et la mère sont au chômage et que leurs autres enfants sont tous en bas âge. Aâmmi Laâmri est un autre handicapé que le sort n?a pas du tout gâté. A 70 ans environ, il vit avec son épouse, elle aussi handicapée, dans le dénuement total. Tout le temps assis sur son fauteuil roulant, lequel a pris un «coup de vieux», devant son domicile au centre de Badaraki et ce, qu?il pleuve, qu?il vente ou qu?il fasse très froid, il parle très rarement. «Même quand il se met à parler, on ne peut comprendre ce qu?il dit», disent ses proches et voisins. A vrai dire, il n?a pas besoin de parler pour dire ce qu?il endure. Dans ses yeux, l?on peut facilement lire toute la douleur qu?il ressent et dans ses habits vieux et sales toute la misère dans laquelle il vit. Livré à son sort et privé de tout, Aâmmi Laâmri a certainement et définitivement perdu l?espoir de voir les choses changer dans le bon sens pour lui. Dur, dur d?être handicapé à Boufarik?