Exigence Pour certaines familles, dès que le ramadan arrive, l?Aïd est déjà aux portes. Elles doivent ainsi assurer, durant les trente jours du mois, de nouvelles rentrées d?argent pour vêtir leurs enfants. Amine, 8 ans à peine, hurle de toutes ses forces au marché de Sahet Ecchouhada. Il semble dépenser une énergie immense. Sa voix puérile et cristalline couvre celle des adolescents. «Des sachets à 10 DA seulement, achetez messieurs, dames.» Il lui arrive souvent, si sa marchandise n?est pas épuisée, d?implorer les passants. «Ma s?ur, mon frère achetez-moi ce sachet s?il vous plaît, 10 DA seulement !» Dès qu?il rentre de l?école, Amine vient ici. Sur ses deux mains chétives, le gosse suspend des paquets de sacs en plastique. «Je dois payer mes vêtements de l?Aïd. Mes parents ne peuvent pas tout me payer», confie-t-il. Encore scolarisé en cycle primaire, Amine affirme poursuivre et réussir même ses études puisqu?il n?a pas redoublé. «J?assure au moins la moyenne de mon passage.» Cependant, Amine n?est pas le seul enfant qui travaille. Ils sont nombreux à hanter les marchés et les artères de la capitale. C?est devenu même une image quotidienne qui accompagne le mois du jeûne. Le nombre des enfants besogneux et actifs d?ailleurs s?accroît. Vendeurs de pain, de vaisselle, de galettes, de chaussettes? Ils sont prêts à faire tout pour amasser quelques dinars et pouvoir jouir de la fête de l?Aïd. C?est pour cela qu?ils ne ratent aucune occasion. «Dès que je sors de classe, je pars au marché vendre les galettes de pain préparées le matin par ma mère. Je travaille chaque ramadan. Mon frère Riyad, qui est un peu plus loin, vend aussi des m?hadjeb. L?année dernière, je me rappelle bien j?ai vendu des qtayef et cela a bien marché», raconte une fillette. Elle sourit timidement puis lâche : «J?adore la fête de l?Aïd, ma mère dit qu?il faut travailler pour acheter des habits neufs et aider papa, sinon on n?aura pas droit aux festivités comme toutes les autres familles. Et moi, je serais triste si je ne pouvais pas la célébrer !»