Monopole Comme d?habitude, les maquignons nous imposent leur diktat. Le mouton de l?Aïd continue d?alimenter les discussions et suscite un intérêt particulier, notamment chez les pères de famille pour qui le fait d?égorger une bête est une tradition incontournable. Néanmoins, au-delà du rituel, ce sont les séquelles des dépenses consenties qui marquent les personnes qui ont eu à débourser une somme considérable pour l?accomplissement de ce rite propre aux musulmans. Au fur et à mesure que l?Aïd El-Adha approche, la fièvre monte dans les foyers dont les chefs n?ont pas encore acheté le mouton. Les premiers relents de la traditionnelle fête sont ressentis à travers toute la ville. Les retardataires sont divisés. Il y a ceux qui ne l?ont pas fait faute de moyens financiers et ceux qui préfèrent attendre le tout dernier moment car ne disposant pas d?espace pour «héberger» la bête, conscients qu?il faut donner à boire et à manger au mouton tout en assurant son entretien, tâche que ne peut faire qu?un éleveur ou un berger. Au marché aux bestiaux, en l?absence d?une organisation du monde pastoral, les maquignons imposent comme toujours en pareille circonstance leur diktat dans la pratique des prix. Mais ni les prix jugés élevés ni les maladies supposées du cheptel n?empêchent les citoyens d?accomplir le rite, du moins la majorité. Pour d?autres, le mouton constitue un rêve qu?ils ne peuvent réaliser en raison de leur pauvreté. Dans ce contexte, il y a lieu d?évoquer les locataires du foyer pour personnes âgées de Mascara, qui abrite une centaine de pensionnaires de tous âges et des deux sexes. Bien souvent, ces laissés-pour-compte sont abandonnés par leurs propres enfants, acte condamnable à plus d?un titre et qui les attriste le plus. Heureusement qu?au-delà de l?égoïsme et du lucre, l?esprit de solidarité est placé au dessus de toute considération car il existe des musulmans qui ont pensé aux pauvres. Il y a ceux qui agissent dans la discrétion, portant secours aux plus démunis, offrant un mouton aux familles dans le besoin. D?autres se présentent au foyer pour personnes âgées pour en «inviter» quelques-unes à passer la fête avec eux en famille. Enfin, d?autres encore s?engagent à acheter un mouton qu?ils remettent au directeur de l?établissement. Ces vieillards méritent meilleur sort. En pareille circonstance, le marché hebdomadaire accueille chaque jour des éleveurs ravis de l?aubaine, mais également des intermédiaires qui mettent à profit cette occasion pour gagner un peu d?argent sur le dos des citoyens contraints de payer plus cher le mouton de l?Aïd. Cette année, les prix oscillent entre 12 000 et 35 000 DA la bête, qu?il faut payer au comptant.