«La guerre, c´est la guerre des hommes. La paix, c´est la guerre des idées.» Victor Hugo Extrait des Fragments L´entrée des journalistes dans la bande de Ghaza vient d´être interdite par la police israélienne. Par souci de sécurité, avance l´armée israélienne. Un moyen également de limiter les images sur les massacres de la population désarmée commis jour, après jour, par l´armée israélienne. Depuis le début de l´offensive israélienne, seuls les journalistes déjà sur place pouvaient opérer. RSF a dénoncé cette interdiction de couvrir un conflit, qui prend de l´ampleur, jour après jour, et qui cache des images atroces. Si les caméras du monde ont pu filmer l´étendue du bombardement sur une école des Nations unies, elles n´ont, en revanche, aucune image de cette maison où était rassemblée une centaine de Ghazaouis et bombardée volontairement par l´armée israélienne, faisant au moins 30 morts. La Cour suprême avait pourtant proposé, le 31 décembre dernier, au gouvernement israélien d´autoriser l´entrée de douze journalistes sous la forme de différents ´´pools´´, en fonction de la nature des médias. Le correspondant de l´Entv, Wissam Abou Zeïd, fait partie de ces 12 reporters déjà sur place. Il est le seul représentant d´un pays d´Afrique, puisque même l´Egypte et encore moins le Maroc et la Tunisie n´ont de correspondant permanent à Ghaza. Vendredi, l´Entv montrait les difficultés du correspondant à faire des reportages, essuyant à chaque fois les tirs de l´armée israélienne. Et quand le correspondant arrive à rejoindre les habitations des familles, les enfants pleurent, le prenant pour un soldat israélien, en raison de son gros casque. Il faut dire que le casque et le gilet pare-balles, flanqué du logo TV en blanc, est un moyen de survivre aux tirs des deux côtés en conflit. Cela n´empêche pas les soldats israéliens de cibler parfois les reporters, comme ce fut le cas pour le cameramen d´Al Jazeera international, vendredi dernier. C´est le prix à payer pour rapporter des images d´un conflit interdit d´images. Ce n´est pas facile d´être également reporter à Ghaza même pour les télévisions allemandes, comme Arte ou encore ZDF qui ont dû louer les services d´un Palestinien, Wissam Sharef, pour couvrir le conflit, car il lui a été interdit d´envoyer des reporters occidentaux sur place. Il ne faut pas être également un journaliste appartenant à un pays en conflit avec Israël. Comme c´est le cas pour le journaliste de la Télévision iranienne d´information en arabe Aâlam, Khodr Chahine, qui a été arrêté par les militaires israéliens. Mais l´Etat hébreu et son armée n´ont pas pu empêcher les images du conflit de sortir de Ghaza. Le plus grand coup de cette campagne de guerre sans images, a été porté par la télévision du Hamas Al Aksa TV, très regardée en Israël, seule télévision encore sur le terrain des combats. Sa caméra embarquée avec les combattants du Hamas, lui a permis de décrocher deux images scoops de soldats israéliens abattus par des snipers du Hamas. Cette image a fait tomber le moral des Israéliens et de leur état-major, qui a donné l´ordre de tirer sur toutes les caméras visibles en zone de guerre. Il n´est donc pas exclu que des journalistes des télévisions autorisées à filmer dans la zone de guerre de Ghaza soient dans le décompte macabre des morts de cette nouvelle guerre sans images. [email protected]