L´agression israélienne contre la bande de Ghaza est entrée, hier, dans sa troisième semaine. Plus de 800 morts, près de 3500 blessés. Ces morts et blessés, il faut le savoir, sont des «dommages collatéraux» nous apprennent doctement des «experts» qui, le moins qui puisse être dit, savent de quoi ils parlent. Tout au long de ces quinze derniers jours, les médias occidentaux, particulièrement français, ont tenté de convaincre et se convaincre que, dans cette guerre, ce sont deux armées pareillement équipées qui se font face, afin de minimiser les crimes de l´armée israélienne tout en chargeant un mouvement de résistance palestinien, Hamas, aux moyens militaires dérisoires. Mais les Palestiniens de Hamas, avec leurs dangereuses roquettes, tirent sur les villes israéliennes, font peur aux civils israéliens. Hamas commet, nous disent les commentateurs de la presse occidentale, des crimes de guerre contre Israël. L´armée israélienne qui ne dispose que d´avions de combat F16 et de F15, de chars d´assaut, de blindés et de navires de guerre, n´a d´autres cibles que militaires soutiennent les mêmes sources. L´aviation israélienne bombarde, au su et au vu du monde entier, des hôpitaux, des ambulances et des écoles. Des cibles militaires, disent-ils! Un crime de guerre, un génocide? Non! nous corrigent ces «experts en désinformation»: les morts civils palestiniens ne sont en fait que des «dommages collatéraux», bien sûr inévitables puisque «l´armée» du Hamas se cache parmi eux. Aussi, pour les stratèges israéliens, chaque maison, chaque institution, chaque hôpital, chaque école est une cible militaire potentielle, chaque enfant tué, est un résistant de moins pour demain. Et puis au plan interne israélien où se déroule une lutte féroce pour le pouvoir, ces massacres de Palestiniens (insistant lourdement, 95% des morts sont des civils désarmés, enfants - près de 300 tués en 15 jours-, femmes et vieillards) constituent autant de gages de victoires. Les partis au pouvoir (Kadima de la chef de la diplomatie israélienne, Travailliste du ministre de la Défense), largement distancés dans les sondages par le parti d´extrême droite, sont repassés devant le Likoud grâce au sang versé des Palestiniens. D´une pierre deux coups: se débarrasser de la résistance palestinienne à Ghaza, d´une part, remporter les élections du 12 février, d´autre part. Pour le reste, il s´agit de donner le temps à l´armée israélienne d´accomplir sa macabre besogne. Ce dont se sont chargés avec «brio», les auxiliaires occidentaux, USA en tête, qui chauffaient le bendir. Il n´y a qu´à revoir les interventions de Mme Rice, secrétaire d´Etat américaine, et Bernard Kouchner, son homologue français qui, du haut du Conseil de sécurité de l´ONU, ont justifié l´injustifiable. Et on ose parler de cessez-le-feu par l´instauration d´une trêve qu´Israël avait déjà rejetée alors que l´on s´échinait au Conseil de sécurité à trouver un compromis boiteux qui ne rend service ni à la paix ni à la sécurité des personnes. De fait, la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni a réaffirmé, vendredi, qu´«Israël agit uniquement en fonction de ses propres intérêts et pour défendre ses habitants». Aussi, Israël s´estime au-dessus de toute résolution de l´ONU quelle qu´en soit la nature. Mais un cessez-le-feu, pour faire quoi? Dégager les morts palestiniens pour donner aux chars et blindés israéliens de mieux finir ce qu´ils ont commencé? En réalité, quoi qu´en dise Israël, le Conseil de sécurité vient de donner à l´Etat hébreu -avec l´accord tacite de certains Etats arabes- un blanc-seing lui permettant d´atteindre les «objectifs» qu´il s´est fixés avant l´agression entamée le 27 décembre dernier. Devant la veulerie de tous, face à la démission des dirigeants arabes, la complicité de l´Occident, l´impuissance du reste du monde, l´armée israélienne continuera à tuer dans l´impunité et les enfants palestiniens de mourir.